Madrid

Tête d’affiche

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 3 mars 2006 - 626 mots

L’expert en affiches anciennes Frédéric Lozada, dont les ventes sont controversées en France, part à la conquête de l’Espagne.

 MADRID - Pour la troisième fois depuis septembre 2005, l’expert Frédéric Lozada organise une vente d’affiches anciennes de collection à Madrid, en Espagne. « L’affiche constitue un véritable marché international. Nos maîtres de l’affiche se vendent partout dans le monde, jusqu’en Australie où il y a trois marchands dans ce domaine. En Espagne, de nombreux musées ouvrent des collections, et j’ai de plus en plus de collectionneurs et de marchands espagnols comme clients », lance-t-il. La vacation madrilène du 15 mars comprend plus de cinq cents lots témoignant de la richesse de l’illustration au XXe siècle, en particulier autour de la Belle Époque, l’Art nouveau et l’Art déco. Les thèmes sont aussi variés que la corrida, la publicité, les voyages, les régionalismes, le cycle, la politique, la franc-maçonnerie, le tourisme français, le cirque, les sports, le cabaret ou encore l’aéronautique, dans une fourchette d’estimations entre 150 et 8 000 euros. L’une des plus importantes pièces est une affiche publicitaire pour le papier à cigarettes Job, Hors Concours 1889, par Atché (un artiste Art nouveau dans la mouvance de Mucha), estimée 2 000 à 4 000 euros.
Mi-Français, mi-Argentin, Frédéric Lozada connaît bien l’affiche depuis une quinzaine d’années.
À la fin des années 1980, il est consultant chez Sotheby’s à Londres. Dans les années 1990, il monte pour son propre compte une dizaine de ventes en Angleterre, en concurrence avec Christie’s, dont il capte une partie de la clientèle. Depuis quelques années, il est expert à Paris et dans certaines salles de province. Mais c’est dans un environnement beaucoup plus libéral qu’il se plaît à vendre, en Espagne. D’abord parce qu’il se passe de commissaire-priseur. Il tient lui-même le marteau, comme il le faisait à Londres auparavant. Il est à la fois organisateur et expert de ses ventes.

Dans le collimateur du CVV
En France, l’organisateur d’une vente aux enchères est forcément une SVV agréée. « Le système français est plus contraignant. Mais j’y trouve d’autres avantages. Par exemple, les commissaires-priseurs m’apportent leur clientèle », indique-t-il. Ce qu’il organise en Espagne, il ne pourrait se le permettre sur le territoire français, où le marché des ventes publiques et de ses acteurs est strictement réglementé. Il est néanmoins dans le collimateur du Conseil des ventes volontaires (CVV), qui le soupçonne de vendre des affiches lui appartenant, ce qui est interdit pour un expert, et constitue une infraction aux règles de la vente publique. Une enquête disciplinaire est d’ailleurs en cours sur les sociétés de vente travaillant avec lui, notamment le commissaire-priseur parisien Gilles Néret-Minet, Robert Hours d’Aix Enchères et Dapsens Auction à Reims.
Frédéric Lozada attire aussi l’ire de ses concurrents, qui lui reprochent d’inonder le marché de ventes fleuves (plus de  cinq cents lots par catalogue), mettant en péril la cote des œuvres dans cette spécialité. Bien qu’il minimise son activité marchande et affirme simplement faire du courtage occasionnel, il apparaît pourtant très actif. Avec environ 1,5 million d’euros de chiffre d’affaires aux enchères en 2005 (comprenant ses deux premières vacations espagnoles à hauteur de 210 000 euros), il est premier de sa catégorie en Europe. Pourquoi ne monte-t-il pas alors sa propre société de vente en France ? « Pour être agréé en France, c’est compliqué, dénonce-t-il. On vous demande des tas de choses, par exemple un lieu de vente permanent. C’est beaucoup trop lourd pour moi. » Surtout lorsqu’il n’y a que la frontière à franchir.

AFFICHES ANCIENNES/CARTELES ANTIGUOS DE EPOCA

Vente le 15 mars à 21h00, hôtel Wellington (salle Alcalá), Velázquez 8, Madrid, Espagne ; exposition privée sur rendez-vous chez l’expert jusqu’au 10 mars, 10, rue de Pomereu, 75116 Paris, tél. 01 45 53 15 29, www.fredericlozada.com

AFFICHES ANCIENNES

- Expert : Frédéric Lozada - Nombre de lots : 525 - Estimation totale : 300 000 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°232 du 3 mars 2006, avec le titre suivant : Tête d’affiche

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