Art déco

Flambée moderniste

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 14 avril 2006 - 473 mots

Les pièces modernes se sont envolées chez Tajan.

 PARIS - La tendance se confirme : le marché se passionne pour le mobilier moderniste, avec le métal comme matériau de prédilection. L’engouement déjà très sensible pour le design d’après guerre est en train de contaminer les arts décoratifs de la première moitié du XXe siècle. Preuve à l’appui chez Tajan le 28 mars lors d’une vente intermédiaire d’Art déco où le modernisme, à l’honneur, a créé la surprise. Un bureau plat en métal et verre de Jacques Adnet estimé 50 000 euros et adjugé 148 000 euros en a été la vedette. De bonne provenance (ancienne collection Barbara Gould), son plateau et ses montants étaient gainés d’opaline noire et bordés de lames métalliques chromées. « Les pièces aux formes épurées, bien dessinées, en métal, sont en train de prendre le dessus sur le mobilier bourgeois traditionnel », observe l’expert Jean-Jacques Wattel. Dans cet esprit, une paire de lampes de Jean Perzel, estimée 6 000 euros, s’est envolée à 38 230 euros. Succès également pour un exceptionnel meuble d’appui et bois laqué noir de Jean Pascaud reproduit en couverture du catalogue. Orné de trois rangées d’ailerons en bronze chromé et, en façade, de miroirs rainurés de carrés et rehaussés d’étoiles, il est parti à 61 660 euros, contre une estimation basse à 35 000 euros. Un grand bureau plat de 1955 réalisé en édition très limitée par Poul Kjærholm a, quant à lui, été emporté à 23 430 euros contre une estimation de 9 000 euros. Son acquéreur avoue avoir été séduit par sa structure formée de cornières métalliques en « L ». Les collectionneurs modernistes se font plus nombreux, mais les pièces restent rares. Cela promet donc d’autres prix forts en vente publique.
Le mobilier classique de qualité n’en souffre pas pour autant. Ainsi, un spectaculaire bureau en plaquage d’ébène et plateau de mosaïque de nacre teintée de rouge par Christian Krass, accompagné de son fauteuil, estimé 25 000 euros, a été disputé par plusieurs professionnels. La galerie parisienne Makassar a eu le dernier mot avec une enchère de 64 130 euros. Souvent considéré comme un suiveur de Ruhlmann, Krass signait là un travail personnalisé avec un beau dessin et une fabrication magnifique. Un second lot du même décorateur, un important cabinet de travail en plaquage d’ébène à neuf vantaux carrés ornés chacun de personnages Art déco stylisés, estimé 12 000 euros, a été vendu 38 230 euros. Dans l’euphorie générale, 71 530 euros (soit près de trois fois l’estimation) ont été enregistrés pour un célèbre modèle de fauteuil (en paire) d’Eugène Printz, en hêtre massif à accotoirs gondolés.

ARTS DÉCORATIFS DU XXe SIÈCLE - Résultat : 1,6 million d’euros - Résultat en valeur : 112 % - Expert : Jean-Jacques Wattel - Lots vendus : 69 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 114/52

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°235 du 14 avril 2006, avec le titre suivant : Flambée moderniste

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