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Commémorations et festivals donnent le ton

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 4 janvier 2018 - 641 mots

La profusion des expositions incite depuis longtemps les organisateurs, d’une part à s’appuyer sur des dates anniversaire pour trouver des thèmes dans leur programmation et, d’autre part, à se regrouper sous une étiquette commune pour mieux se faire connaître du public.

L’année 2018 n’échappe pas à ce double phénomène, alors que pourtant le nombre d’expositions tend à diminuer. Ainsi en France, après un pic de 2 200 expositions en 2012, le volume ne cesse de se réduire : 1 500 en 2015, 1 700 en 2016, 1 450 en 2017. Et les perspectives pour 2018 ne sont pas encourageantes, à ce jour, le nombre d’expositions enregistrées dans la base du Journal des Arts et de L’œil est en baisse d’un quart par rapport à l’an dernier.

On commémorera donc le centenaire de la mort d’Egon Schiele (page XIII), archétype du peintre bohème. D’abord dans son pays en Autriche et puis aussi à la Fondation Vuitton en octobre, concurremment avec un autre peintre maudit, Basquiat. Curieusement, son mentor Gustav Klimt, décédé lui aussi en 1918, ne suscite pas le même intérêt. Comme sa femme Edith Harms, Schiele est mort de la grippe espagnole qui a décimé les populations européennes affaiblies par la guerre. La Première Guerre mondiale, précisément, dont on arrive au terme des célébrations, sans grand enthousiasme à en juger par les expositions organisées par les seuls musées spécialisés (celui de Meaux, le Mémorial de Verdun). Le 220e anniversaire de la naissance d’Eugène Delacroix est aussi le prétexte à une grande rétrospective au Louvre et au musée de la place Fürstenberg (page VI). Mais la vedette devrait revenir aux « événements de Mai 68 » (page IX). Moins dans les musées par manque de supports appropriés (à part des affiches, Mai 68 n’a pas entraîné une floraison d’œuvres graphiques) que dans les médias.

Si Lille, la Normandie et Nice n’organisent pas cette année de festival, Marseille Provence a pris le relais,  tentant de renouer avec la dynamique de MP 2013 (page V). Plus ambitieuse, la saison « Japonisme » (page IV) s’installera dans plusieurs lieux, notamment les musées d’art asiatique. Enfin, c’est à Malte et à Leeuwarden aux Pays-Bas qu’il faudra aller pour participer aux festivités des Capitales européennes de la culture 2018.

Bien entendu, commémorations et festivals ne feront pas toute l’actualité de 2018. Monographies et expositions thématiques restent largement dominantes. Et parmi elles, l’art contemporain se taille la part du lion avec près de 65 % des manifestations, en phase avec la tendance des dernières années. 2018 n’est pourtant pas une année « biennale » (Venise, Lyon, Cassel) comme le fut 2017, mais le réservoir quasi inépuisable de la création actuelle alimente la programmation de nombreux lieux, à commencer par les Fonds régionaux d’art contemporain et Centres d’art, dont c’est la raison d’être. Les musées ne sont pas en reste. Le Musée d’art contemporain de Lyon annonce une rétrospective d’Adel Abdessemed ; le Musée de Dôle une exposition sur Étienne Bossut ; le Centre de création contemporaine Olivier Debré sur Franck Scurti ; la Fondation Maeght sur Jan Fabre… À Paris, le Grand Palais devrait avoir un succès populaire, sinon d’estime avec l’image du chanteur Michael Jackson sous le regard des artistes contemporains. L’art moderne (18 % des expositions), trouve également toute sa place dans le calendrier avec quelques « grands noms » qui devraient attirer les foules : Kupka au Grand Palais en mars, Giacometti au Musée Maillol en septembre, Miró en octobre au Grand Palais, Renoir au Musée d’Orsay en novembre. L’événement de la rentrée devrait être une nouvelle présentation du cubisme au Centre Pompidou.

Comme chaque année, l’art ancien occupe une portion congrue, témoignant de la difficulté de se faire prêter des œuvres. Quelques courageux s’y sont lancés : le Musée Condé avec Rembrandt et Géricault, Caravage au Musée Jacquemart André, le Jeune Tintoret au Musée du Sénat ou les peintres à Venise au XVIIIe siècle. Dans ce contexte de pénurie, Le Grimadi Forum de Monaco consacre son exposition d’été à l’or des Pharaons, un sujet qui ne lasse jamais le public.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°492 du 4 janvier 2018, avec le titre suivant : Commémorations et festivals donnent le ton

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