VENTES PUBLIQUES

Art contemporain : les Français se défendent

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 13 décembre 2017 - 665 mots

Marquées par plusieurs records pour les Français, les ventes de décembre closent une belle année pour l’art contemporain à Paris.

Paris. Le traditionnel rendez-vous de décembre à Paris, qui mettait un point final au calendrier international, perd de sa superbe au profit de la Fiac. C’est la stratégie de Christie’s, qui a désormais fait de la foire son temps fort de l’année. Même phénomène migratoire à Drouot : alors que six vacations étaient programmées à l’hiver 2016, seule la jeune Crait Müller proposait une vente ce mois-ci – consacrée à une collection nantaise. Sotheby’s tient quant à elle à conserver ce timing hivernal. « Il faut un espacement raisonnable entre les ventes. Et le mois de décembre reste un rendez-vous important et identifié », défend Stefano Moreni, directeur du département d’art contemporain. Ce choix n’a pas été déraisonnable. Avec sa session du soir, la maison a totalisé 22,8 millions d’euros, dans le haut de l’estimation, laissant un unique lot sur le carreau. En parallèle, la vente de la collection Alain et Candice Fraiberger a atteint 15,3 millions d’euros. « Le couple avait un pied dans l’art d’après-guerre, l’autre dans l’art très contemporain. Leur approche était sélective : une quarantaine d’œuvres c’est très peu, bien souvent les collections comportent 300 à 400 numéros », explique Olivier Fau, spécialiste au département d’art contemporain. L’ensemble est pourtant resté en deçà des espérances, le Basquiat star de la vente ayant été boudé par les acheteurs (est. 5 à 7 M€). Le formidable foisonnement de cet automne – quatre ventes, dont la collection fleuve de François et Marie-Aline Prat – n’a pas empêché Christie’s d’occuper le terrain, et de réunir 16,5 millions d’euros lors de sa session du soir.

Germaine Richier atteint un nouveau plafond
L’ensemble de cette saison a été marqué par de beaux succès pour les artistes français de l’après-guerre, avec plusieurs records à la clé, confirmant l’identité et l’intérêt de la place de Paris. « Les De Kooning, Rothko et consors à New York, et les artistes anglais à Londres ont pris plus de place et ont poussé les Français vers Paris. Un signal fort a été donné en 2006 avec la vente de Soulages pour plus d’un million d’euros. Aujourd’hui, nous recevons des demandes spécifiques pour vendre à Paris », assure Olivier Fau. Chez Sotheby’s, Germaine Richier a atteint un nouveau plafond à 3 millions d’euros pour une Tauromachie (1953) à l’impressionnant palmarès d’expositions, de New York à Bâle en passant par Venise. Hans Hartung s’est également hissé à un nouveau seuil (2,7 M€) grâce à un tableau de 1956 (sans oublier le Cubain Wilfredo Lam et sa performance à 4,4 millions d’euros). Chez Christie’s, c’est Jean-Paul Riopelle qui a établi un nouveau record à 4,8 millions d’euros avec une toile dansante de 1953. Ces prix s’inscrivent dans le sillage des sommets enregistrés cette dernière année pour leurs compatriotes Pierre Soulages (6,1 M€), Simon Hantaï (4,4 M€) ou en 2015 pour Jean Dubuffet (24,8 M). « Aujourd’hui, on sait quels sont les artistes majeurs des années 1950 à 1970. Et les collectionneurs se rendent compte qu’il y a une série d’artistes dont l’œuvre reste d’actualité et dont les prix restent très intéressants. Parallèlement, certains contemporains ne tiennent pas leurs promesses, alors l’arbitrage est vite fait », observe Stefano Moreni. Parallèlement, plusieurs de ces Français éclipsés par leurs homologues américains reçoivent les honneurs des institutions : Hans Hartung était ainsi exposé au fonds Hélène et Edouard Leclerc en 2016 avant d’atterrir sur les cimaises du Musée d’art moderne de la Ville de Paris, lequel présentait précédemment Bernard Buffet.

Ces vacations de décembre mettent un point final à une excellente année pour l’art contemporain en France, un signe positif pour le marché hexagonal. Sotheby’s annonce un total de 83,2 millions d’euros dans le domaine, en progression de 50 % par rapport à l’an dernier. Christie’s, d’habitude avare de chiffres, a proclamé haut et fort son total de 96,5 millions d’euros, soit une hausse de 38 % comparée à 2016, et son plus haut montant depuis son installation en France.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°491 du 15 décembre 2017, avec le titre suivant : Art contemporain : les Français se défendent

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