ENTRETIEN

Jacques et Évelyne Deret, collectionneurs : « Notre projet a été d’emblée de soutenir des artistes français »

Par Pauline Vidal · Le Journal des Arts

Le 13 décembre 2017 - 536 mots

Art [ ] Collector, mécénat privé, a vu le jour en 2011, à l’initiative du couple de collectionneurs. À Bruxelles, l’exposition « 5x2 1 » réunit les dix lauréats du prix depuis sa création, ainsi qu’un artiste belge invité.

Comment est né le projet d’Art [ ] Collector ?
Nous collectionnons depuis vingt ans. Art [ ] Collector s’inscrit dans le prolongement de cette passion. L’idée d’associer des collectionneurs m’est venue lors de mes voyages professionnels à l’étranger, durant lesquels j’ai pris le temps de les rencontrer. En Europe du Nord et aux États-Unis, j’ai eu l’impression qu’ils soutenaient surtout leur scène. Et cela nous a inspiré. Ce d’autant plus que les artistes français ont souvent été décriés ou mal aimés par les institutions. Notre projet a donc été d’emblée de soutenir en France des artistes français. À la différence des collectionneurs qui font valoir leurs collections ou d’associations comme l’Adiaf qui soutiennent des artistes confirmés, nous nous sommes intéressés aux artistes émergents. Il y a parfois des « injonctions » sur ce qui est censé être bon ou moins bon. Nous avons voulu être libres et indépendants. […] Depuis l’an dernier, nous bénéficions du parrainage du ministère de la Culture.

En quoi consiste le prix ?
Avec Évelyne, nous avons deux collections différentes, mais montrer seulement nos artistes ne nous semblait pas satisfaisant. Nous avons donc suivi le conseil qu’on nous a donné de nous ouvrir à d’autres artistes. Depuis le début, il existe un comité de sélection composé de collectionneurs et ­d’acteurs du monde culturel (des journalistes, des commissaires…), avec un système de renouvellement. Chacun est invité à proposer un artiste suivant plusieurs critères : être un artiste français ou vivant en France, avoir une galerie, être collectionné, être âgé de 40 à 45 ans ­maximum, et être en phase de développement. À l’issue d’une délibération durant la semaine de la Fiac, un artiste (il y en avait deux jusqu’en 2016) est sélectionné. L’idée n’est pas de faire un prix financier, mais d’exposer les artistes durant deux semaines, à l’automne, au Patio Opéra, rue Meyerbeer à Paris, et d’éditer un catalogue. Les œuvres exposées sont en partie empruntées aux collectionneurs. L’autre partie, à vendre, provient de l’atelier de l’artiste et de sa galerie.

Vous organisez votre premier événement à l’étranger en vous associant à la galerie Valérie Bach à Bruxelles ? Pourquoi ce choix ?
En 2016, nous avons réuni dans une exposition collective intitulée « 5x2 1 » les dix lauréats d’Art [ ] Collector depuis sa création. On a alors pris l’engagement de présenter ces artistes à l’étranger. Nous avons fait le choix de Bruxelles qui est connue pour le dynamisme de sa scène, mais c’est d’abord une histoire de personnes liée à la galerie Valérie Bach et à la Patinoire royale. Il y a eu une envie de part et d’autre d’organiser un événement. En outre, l’équipe nous a proposé sur le même principe de sélectionner un jeune artiste de la scène bruxelloise et de l’exposer en même temps que nos dix lauréats. Sous le commissariat de Philippe Piguet (contributeur de L’Œil), l’exposition présente ainsi les œuvres de Mehdi-Georges Lahlou aux côtés de celles, entre autres artistes, d’Iris Levasseur, Eva Nielsen, Abdelkader Benchamma ou encore Olivier Masmonteil.

Art [ ] collector 5x2 1,
jusqu’au 23 décembre, la Patinoire royale/Galerie Valérie Bach, Rue Veydt 15, 1060 Saint-Gilles, Belgique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°491 du 15 décembre 2017, avec le titre suivant : Jacques et Évelyne Deret, collectionneurs : <em>« Notre projet a été d’emblée de soutenir des artistes français »</em>

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