Conservation et diffusion de la commande

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 15 novembre 2017 - 549 mots

Que faire des épreuves ? Où les conserver ? Comment les rendre accessibles au public ? Telles sont les questions que posent les ensembles d’images photographiques issus de la commande publique..

« Une commande ambitieuse doit anticiper plusieurs questions : définition des objectifs, mise en œuvre, diffusion, conservation », rappelait en 2006 Anne de Mondenard dans un texte sur les commandes publiques en photographie publié dans l’ouvrage Provence-Alpes-Côte d’Azur. Monuments & paysages (éditions Actes Sud). Un texte où la conservatrice posait la question du devenir des commandes publiques, prenant l’exemple des « Quatre saisons du territoire de Belfort » (1987-1990) dont le fonds d’épreuves a été déposé aux archives départementales, où il sommeille depuis.

Le sort réservé par le ministère de l’Agriculture aux ensembles produits dans le cadre de commandes photographiques sur les espaces ruraux français et européens n’est guère meilleur. Issus de commandes lancées et dirigées par Éric Perrot de 1988 à 1999 avant que sa direction n’y mette un terme, ces fonds sont conservés à la photothèque du ministère, attendant de sortir un jour des tiroirs. « Ils devraient être reversés d’ici deux ans aux Archives nationales », assure-t-on au ministère, sans que ce dernier n’envisage de rendre public ce travail ô combien édifiant sur la situation rurale illustrée par des photographes de renom (Gilles Perez, Stéphane Duroy ou Fouad Elkoury pour n’en citer que quelques-uns).

Les tirages mêmes de la Mission photographique de la Datar réalisés pour l’exposition du Palais de Tokyo (1985) puis à la Vieille-Charité (1986) à Marseille sont comme abandonnés. Localisés en 2004-2005 au Musée d’art contemporain de Marseille, leur état de conservation n’a toujours pas été examiné depuis. En 2014, Bernard Latarjet, codirecteur de la Mission photographique, a proposé au musée et à la Ville de les transférer à la Bibliothèque nationale de France (BNF): il n’a obtenu aucune réponse. Il serait pourtant intéressant de disposer de ce jeu de photographies, la BNF conservant déjà les tirages de la Mission photographique de la Datar réalisés pour le catalogue Paysages : Photographies, travaux en cours 1984/1985 (éd. Hazan) de l’exposition éponyme au Palais de Tokyo. Si les négatifs sont restés la propriété des photographes (cas coutumier dans le cadre de commandes), la BNF, dès le lancement de la Mission, a demandé par la voix de Jean-Claude Lemagny, responsable du département photo à l’époque et acteur actif dans la reconnaissance et la valorisation de la création photographique, à en conserver les épreuves.

Site Internet, accès aux collections, artothèque…

Aucun commanditaire n’échappe à la question de la conservation des pièces produites, ni à celle de leur consultation et diffusion. Depuis juin 2013, des photographies de la Mission photographique sont accessibles sur le site Internet de la Datar. Mise en place par la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale dans la perspective du 30e anniversaire de la Mission, cette initiative n’a pas d’équivalent dans le secteur de la photographie. Ailleurs, la circulation diffère d’un lieu à un autre. La visibilité a ainsi toujours été le maître mot de Line Lavesque, chargée de la collection de la mission du Conservatoire du littoral, dont le fonds est désormais conservé à Arles dans les conditions requises. Le transfert à venir du fonds du Pôle Image Haute-Normandie à l’artothèque de Caen s’inscrit également dans cette logique d’une plus large diffusion des épreuves.

 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°489 du 17 novembre 2017, avec le titre suivant : Conservation et diffusion de la commande

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