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FINANCEMENTS

Marina Abramovic et les millions évaporés

Par Shahzad Abdul (correspondant à Washington) · Le Journal des Arts

Le 15 novembre 2017 - 336 mots

New York. S’ils pouvaient replonger leurs yeux dans ceux de Marina Abramovic, comme lors de la rétrospective du MoMA en 2010 qui avait fait d’elle une superstar, ses donateurs briseraient probablement le silence pour lui demander des comptes.

L’artiste conceptuelle et corporelle âgée de 70 ans, adepte des performances extrême, a abandonné en octobre le projet de créer son institut d’art expérimental à Hudson, dans l’État de New York. Depuis, plus rien.

Ses soutiens, ses donateurs s’interrogent : reverront-ils la couleur des 2,2 millions de dollars (1,9 M€) qu’elle a levés sur une plateforme de financement participatif en ligne, et par le biais de son organisation à but non lucratif ? Au total, 4 765 philanthropes lui ont permis de récolter 661 452 dollars sur Kickstarter en 2013 et le 1,5 million restant a été glané par des dons entre 2011 et 2015, selon des avis d’imposition consultés par le quotidien New York Post. Malgré cela, celle qui resta assise et immobile durant 700 heures au MoMA ou qui se flagella pour les besoins de ses expériences, a reculé devant le prix exorbitant de son projet : 31 millions de dollars.

L’artiste née en ex-Yougoslavie n’a pas répondu à nos sollicitations, mais une porte-parole a affirmé au Post, qui a publié un article sur la controverse le 11 novembre, que l’argent avait été utilisé pour payer l’architecte Rem Koolhaas, chargé de rénover le bâtiment d’une surface de quelque 3 000 m2. « Les fonds n’ont pas été levés pour la rénovation elle-même mais spécifiquement pour l’étude de faisabilité », a-t-elle répondu à la question de savoir si les donateurs seront remboursés. Autrement dit, non. Cela alors que Kickstarter stipule que « lorsqu’un projet est financé avec succès, le créateur doit le mener à bien ».

Le bâtiment, devenu une épine dans le pied de Marina Abramovic, sera mis en vente, a-t-elle fait savoir. Jouant sur le titre de sa présentation au MoMA, « The artist is present », le journal a ainsi résumé l’affaire : « L’artiste est présente, mais l’argent s’est évaporé. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°489 du 17 novembre 2017, avec le titre suivant : Marina Abramović et les millions évaporés

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