Foire & Salon

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Paris Photo surclasse toujours ses concurrents

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 31 octobre 2017 - 780 mots

Avec une offre riche et diversifiée, la manifestation parisienne continue d’imposer sa suprématie. Rendez-vous attendu, la foire conjugue public de fins connaisseurs et succès commercial.

Paris. Paris Photo reste sans rivale. Photo London, la dernière née des foires photo que d’aucuns voyaient poindre comme une concurrente dans son profil de foire internationale, s’avère après trois éditions très loin de l’égaler. La dynamique et le capital sympathie dont ont bénéficié – et bénéficient toujours – ses fondateurs, Michael Benson et Fariba Farshad, ne suffisent pas. Le fort soutien des acteurs londoniens de la photographie ne trouve pas son pendant du côté des ventes. La culture photo des visiteurs de la foire se révèle peu saisissable dans ses goûts, voire à la traîne, contrairement à ceux qui fréquentent Paris Photo. Le trop grand déséquilibre de l’offre entre les stands, la difficulté également à mobiliser davantage d’enseignes importantes, ajoutés à la sortie prochaine du Royaume-Uni de l’Union européenne ne constituent pas pour l’instant des facteurs d’un salon en mesure de prendre la tête des foires photos.

Photo Basel encore moins, en raison de sa taille d’abord, mais aussi du profil de ses fondateurs, aux antipodes des créateurs de Photo London. À la différence de Michael Benson et Fariba Farshad, dirigeants de Candlestar, organisateur du prix Pictet entre autres, Sven Eisenhut et Samuel Christoph Riggenbach demeurent encore des inconnus du milieu, malgré le soutien de la galeriste Esther Woerdehoff dès leurs premiers pas. Lancée comme Photo London en 2015, elle ne joue pas dans la même cour, ni n’ambitionne de couvrir les différentes périodes de l’histoire du médium, seulement la création actuelle. En témoignent son parterre de galeries et ses fortes rotations d’une année sur l’autre, bien que son organisation au moment d’Art Basel s’inscrive dans l’ambition de drainer ses « VIP ». Elle en demeure loin tout en parvenant cependant à trouver son propre public.
 

L’Aipad, seul challenger

En Amérique du Sud ou en Asie, aucune foire photo internationale ne sort davantage du lot. Shanghaï Art Fair, sous la houlette du World Photography Organisation, est surtout une plateforme des galeries asiatiques. Par ailleurs, les enseignes occidentales, à commencer par celles retenues à Paris Photo, ne sont pas encore tentées d’y investir. Le marché, certes en plein développement, reste une grande nébuleuse et la fiscalité contraignante.

Dans cette conjoncture, l’Aipad Photography Show à New York demeure la foire de référence du premier semestre. La doyenne des foires photo, 37 ans d’âge, ne cherche pas à concurrencer Paris Photo, et n’a jamais cherché à le faire, bien qu’elle fut longtemps la foire de référence du secteur. Car l’Association of international photography art dealers (Aipad) est, comme son nom l’indique, un regroupement de marchands et de galeristes surtout américains qui n’ouvrait le salon qu’à ses membres. Aucun groupe étranger n’a pris de parts dans son capital, comme dans le cas de Paris Photo, lancée en novembre 1997 par Rik Gadella avant d’être rachetée par Reed Expositions France en 2002. Toutefois, en déménageant la foire au Pier 94 au printemps 2017 et en ouvrant ses surfaces à des non-membres, l’Aipad marque son désir d’évoluer. Sa nouvelle adresse lui permet d’accueillir un plus grand nombre de galeries (123), en particulier françaises, et d’accroître son programme d’expositions ou de conférences. Le salon cherche à s’ouvrir davantage à la création actuelle, sans se départir de son identité première : être une foire américaine centrée sur l’historique et le vintage. Ce à quoi sont attachés ses visiteurs, au premier rang desquels les trustees des institutions ou départements photo de musées nationaux et autres figures de la scène photo nord-américaine.
 

La spécialisation, clé du succès

Reste que l’ouverture à la photographie contemporaine a jusqu’ici donné des résultats extrêmement contrastés selon les photographes. « Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne direction à prendre », note un observateur américain. « Il y a tellement de foires d’art contemporain à New York que ses membres ont tout intérêt à faire une foire différente, très ciblée avec des chefs-d’œuvre comme à Tefaf à Maastricht. » Unseen à Amsterdam s’inscrit à cet égard dans cette veine des foires pointues et de qualité dans leur offre. Organisée par le Fotografiemuseum Amsterdam (Foam), l’institution néerlandaise de référence à l’international, cette foire, lancée en 2012, s’est rapidement installée dans le paysage pour sa focalisation sur des travaux inédits ou récents de jeunes talents. Son parterre de galeries venues en grand nombre du nord de l’Europe la démarque par ailleurs des autres salons. La spécificité de l’offre d’Unseen fait son succès, ne serait-ce qu’en termes de nombre de visiteurs. Les résultats d’une enseigne à une autre restent très variables. Règle à laquelle ne déroge aucune foire. Pas même Paris Photo.

 

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Photo London © Photo London

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°488 du 3 novembre 2017, avec le titre suivant : Paris Photo surclasse toujours ses concurrents

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