Foire & Salon

Entretien avec Frédéric Castaing, président de la CNE, Michel Maket, président du SFEP et Mathias Ary Jan, président du SNA

« La Biennale renforce les règles de son vetting »

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2017 - 919 mots

PARIS

Voulant donner un nouveau souffle à la Biennale et renforcer sa fiabilité, le Conseil d’admission des œuvres affirme son indépendance.

Deux mesures ont été adoptées cette année à la biennale. D’une part, la CAO (Commission d’admission des œuvres) est coprésidée par Frédéric Castaing, président de la CNE (Compagnie nationale des experts) et Michel Maket, président du SFEP (Syndicat français des experts professionnels en œuvres d’art et objets de collection) et non plus par le président du SNA (Syndicat National des Antiquaires). D’autre part, aucun exposant ne pourra être membre de la commission. Le Journal des Arts fait le point avec les acteurs de ce nouveau départ.
 

Pourquoi était-il nécessaire de changer les règles du vetting ?

Mathias Ary Jan : Nous sommes dans une nouvelle dynamique, qui appelle de nouvelles normes. Nous souhaitons donner aux collectionneurs encore plus de garanties. Ainsi, à ma connaissance, la Biennale est le premier salon à proposer de telles règles de vetting. Afin de garantir l’indépendance de la CAO, il me semblait nécessaire que sa direction ne soit plus confiée au président du SNA.
Frédéric Castaing : La CAO est un moment de vérité. C’est là que se construit la fiabilité d’un salon avec ses experts qui authentifient, valident, sécurisent. C’est aussi le lieu possible de tous les dangers où peuvent s’exprimer les connivences, comme les haines recuites, parfois les conflits d’intérêts. Le SNA a pris le taureau par les cornes et a fait preuve de courage en décrétant l’indépendance de la CAO. J’ajoute que c’était l’élément nécessaire pour que j’accepte cette mission au nom de ma compagnie.

Pour quelles raisons une coprésidence vous semble nécessaire ?

MAJ : Pour que la responsabilité ne repose pas sur une seule tête.
FC : C’est une force d’avoir à la présidence de la CAO deux présidents de compagnies qui ont l’expérience d’une certaine autorité, comme de la gestion des ego. Plus encore, des présidents qui sont porteurs de règles déontologiques qui les obligent et qui obligent les membres de leurs compagnies respectives.

Comment avez-vous constitué les commissions ?

Michel Maket : Elles ne sont pas constituées uniquement des membres de la CNE ou du SFEP, puisqu’il y a aussi des personnalités issues d’autres chambres, comme la CNES ou même des professionnels qui ne font partie d’aucune chambre, mais qui présentent des garanties conformes à nos critères. Il y a aussi des institutionnels, des conservateurs français à la retraite, des conservateurs étrangers et des restaurateurs. Ils sont une centaine, répartis en vingt-cinq commissions établies par spécialité, chacune composée de trois à six membres. Nous avons conservé au moins un membre des commissions précédentes, car il possède l’expérience des années passées.
FC : Nous disposions de la liste du vetting précédent, dans laquelle se trouvaient des gens extrêmement compétents, nous les avons gardés pour la plupart. Dans certains secteurs cependant nous avons considéré qu’il fallait un turnover, autour de 20 %. Personne n’est membre de la CAO à vie. Ainsi ai-je proposé de renouveler l’ensemble de la commission mobilier du XVIIIe.
MM : Non seulement nous avons évité que ses membres soient des exposants, mais également qu’ils aient des relations de commerce avec un exposant. Le monde de l’art est un petit univers. Il ne s’agit pas de stigmatiser qui que ce soit, mais si on veut être exemplaire, il faut faire des choix exemplaires.

D’autres règles ont-elles été mises en place ?

MM : Il y a un pré-vetting, soit la possibilité offerte aux exposants de faire valider leurs objets en amont de l’exposition. C’est plus confortable pour l’exposant et cela donne un meilleur timing pour travailler sur place (une journée et demie). De même, aucun objet n’arrivera pendant le salon. Tout sera contrôlé avant.

Si cela se passe mal, vous claquerez la porte comme au PAD ?

FC : Une des raisons pour lesquelles la CNE a quitté le vetting du PAD (en dehors du fait que nous n’avions pas assez de temps pour tout expertiser) était que nous n’avions pas la main sur la liste des experts et que des objets pouvaient arriver en cours de salon hors de tout contrôle de notre part. Si j’ai accepté cette coprésidence pour cette Biennale, c’est à la suite de garanties expresses sur ces points.

Certains marchands qui se sont fait retirer de nombreux objets à la Biennale 2016 sont de nouveau présents. Pourquoi ?

MAJ : Le plus important cette année, c’est que les stands remplissent les critères de sélection de la Biennale 2017. Je regarde l’avenir. Si les exposants concernés ont fait un effort et que le stand est irréprochable, pourquoi les refuser ? En revanche, si ces exposants rencontrent à nouveau des problèmes significatifs, la commission tranchera.

L’an passé, certains membres des commissions n’ont pas respecté la clause de non confidentialité en divulguant ce qui avait été retiré sur certains stands. En avez-vous pris acte ?

MM : il n’y a rien à cacher. Les anecdotes, les faits divers n’auront pas de raison d’être. Si quelque chose est retiré, nous ne sommes pas là pour en faire les choux gras. Les membres des CAO sont liés par cette clause.
FC : Nous respectons et ferons respecter les règles acceptées par tous, je veux dire par les exposants comme par les membres de la CAO.

Des marchands, sous prétexte de leur renommée, ont refusé par le passé de faire l’objet de vérifications. Rencontrez-vous des cas particuliers ?

FC : Tous les stands seront visités par les experts, tous les objets examinés, je vous le garantis.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°484 du 8 septembre 2017, avec le titre suivant : « La Biennale renforce les règles de son vetting »

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