Foire & Salon

ARTS PREMIERS

Un parcours des mondes plus sélectif

Misant sur la haute qualité des pièces présentées, les organisateurs de la manifestation n’ont pas hésité à écrémer davantage la liste des exposants

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 6 septembre 2017 - 805 mots

PARIS

La 16e édition de la manifestation germanopratine consacrée aux arts extra-européens se déroule du 12 au 17 septembre. Misant plus encore sur la qualité, elle a resserré cette année la liste à 64 participants.

Paris. Le Parcours des Mondes, la manifestation à ciel ouvert dévolue aux arts extra-européens, se déploie dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés à Paris du 12 au 17 septembre. Pour sa 16e édition, elle accueille 64 marchands, dont 34 étrangers : 54 spécialistes d’art d’Afrique, mais aussi d’Océanie (environ 10 %), rejoints pour la troisième année par une poignée de marchands d’arts asiatiques.

L’an passé, le Parcours accueillait une douzaine de marchands en plus. « Sauf cas exceptionnels, il s’agit d’une volonté de notre part. Nous avons refusé plus de trente marchands, y compris des marchands du quartier avec lesquels des “problèmes” ont eu lieu. Nous souhaitons privilégier la qualité aux bons prix pour faire du Parcours un événement irréprochable. Notre persévérance porte ses fruits, car d’année en année, le nombre de pièces refusées diminue », rapporte Pierre Moos, aux commandes de l’événement. Aussi, dans la section art tribal, ils sont 54 contre 61 l’an passé. Les galeries Frank Van Craen, Tribal Art Classics, Furstenberg ne sont pas présentes, tout comme l’Américain Bruce Frank : « j’ai perdu ma galerie et je n’en ai pas trouvé une autre qui corresponde à mes critères », explique-t-il. En contrepartie, trois nouvelles enseignes intègrent la manifestation : Farrow Fine Art Gallery (USA), la galerie Salon ou encore Éric Hertault, qui vient de s’installer dans l’ancien espace de Serge Le Guennan, lequel n’est pas présent non plus. « En plus d’avoir vendu ma galerie et manqué de temps pour présenter une exposition thématique, j’ai le sentiment qu’il existe une certaine usure du concept dans un bouleversement plus général de la profession. Ce n’est pas un hasard si les grandes pointures du métier se tournent vers des salons généralistes internationaux à la recherche de nouveaux débouchés. » Les collectionneurs d’art contemporain en font partie. « Parmi les dix plus hautes enchères en art tribal, 60 % émanent de collectionneurs d’art contemporain », souligne Pierre Moos. D’où le choix du président d’honneur, Javier Peres, marchand d’art contemporain à Berlin passionné d’art africain qui a conçu l’accrochage à l’Espace tribal, mêlant des pièces contemporaines de sa collection personnelle et des œuvres nigériennes choisies parmi les galeries exposantes.
 

Des propositions inédites

Parmi la vingtaine d’expositions thématiques, on remarque celle d’Abla et Alain Lecomte (Paris) qui présentent « Batéké. La collection Sophie et Claude Lehuard », dévoilée pour la première fois à travers une cinquantaine d’objets collectés entre 1924 et 1933. Trois ans après leur exposition « Batéké, les fétiches » – composée de pièces de la collection de Raoul Lehuard, le frère de Claude –, ils poursuivent leur exploration de la région du Bas-Congo. Didier Claes (Bruxelles), avec « Afro » a sélectionné dix-huit peignes de Côte d’Ivoire, essentiellement produits par un groupe de populations Akan. Tous proviennent de la collection Deletaille (Bruxelles) et sont proposés entre 8 000 et 40 000 euros. « Mais j’aimerais beaucoup les vendre à un seul collectionneur », indique le marchand. Charles-Wesley Hourdé présente « L’Emprise des masques », qui regroupe vingt-quatre objets africains, océaniens et précolombiens (de 10 000 euros à plusieurs centaines de milliers d’euros) en lien direct avec l’esthétique de Picasso, dont un masque Fang (Gabon), de même typologie que celui de la collection Vérité vendu 6 millions d’euros en 2006. Le maître espagnol en possédait un semblable. Quant à Laurent Dodier, il se concentre sur le Mali avec une exposition intitulée « Des falaises de Bandiagara aux plaines de Bamako », montrant une quarantaine d’objets Dogon et Bamana, tel un masque Omono du peuple Dogon surmonté d’un singe. Lucas Ratton aussi axe sa présentation sur le Mali, mais les Bambara cette fois.
 

Les arts asiatiques peu représentés

Du côté des arts asiatiques, le Parcours des Mondes fait face à une véritable hémorragie. Dix-huit en 2016, ils ne sont plus que dix exposants cette année. Les galeries Kitsune, Wei Asian, Kapoor ou encore Gregg Baker ont jeté l’éponge. « La raison ? Nous avons annoncé la tenue d’une semaine asiatique à Paris en juin 2018 en collaboration avec Drouot, Sotheby’s, Christie’s. Or, la plupart des marchands ne pourront pas présenter des pièces importantes à trois mois d’intervalle », explique Pierre Moos. La galerie Indian Heritage présente une divinité protectrice de l’Ouest Nepal, tandis que la galerie Pascassio-Manfredi montre une figure masculine d’ancêtre (Anadeo) de l’île de Flores, Indonésie, région de Lio, ethnie Ngada, XIXe siècle ou antérieur. La figure féminine est conservée au Yale University Art Gallery, (New Haven, États-Unis). Quant à la galerie Jacques Barrère, elle dévoile une tête de Bouddha de la dynastie Qi du nord, région du Hebei, VIe siècle (420 000 €).

Fait marquant, pour la première fois, une galerie spécialisée en archéologie, La Reine Margot, intègre l’événement. Le Parcours va-t-il s’ouvrir à cette discipline pour combler les défections ?

 

 

Parcours des Mondes,
du 12 au 17 septembre, quartier des Beaux-Arts à Saint-Germain-des-Prés, 75006 Paris, tlj 11h-19h, www.parcours-des-mondes.com


Légende Photo :
Flèche faitière ou Gomoa, Kanak, Nouvelle-Calédonie, XIXe siècle, Bois et pigment naturel, H. : 144 cm © Galerie Schoffel de Fabry, photo Hughes Dubois

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°484 du 8 septembre 2017, avec le titre suivant : Un parcours des mondes plus sélectif

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