Art moderne

XXE SIÈCLE

Dalí­ avide de sciences

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 5 juillet 2017 - 454 mots

La rétrospective du Musée de Céret montre comment les avancées scientifiques ont toujours stimulé l’imagination du peintre.

Céret. Le 27 août 1965, le maire de Céret (Pyrénées-Orientales) invitait Salvador et Gala Dalí à un « voyage triomphal » dans sa ville. Pour cet événement auquel participait toute la population, Dalí (1904-1989) avait lui-même choisi un thème en résonance avec ses angoisses : l’immortalité. « Le clou de la journée, raconte Nathalie Gallissot, directrice du Musée d’art moderne de Céret, a été la résurrection de Dalí dans un caveau sous l’office du tourisme où s’est déroulée une sorte de happening. Cette journée a laissé des traces très importantes à Céret. » Au cours des deux prochaines années seront réalisés des travaux d’agrandissement du musée qui consacrera désormais une salle à ce moment exceptionnel.

Une conférence d’Einstein
« Curieusement, constate la conservatrice, il n’y a jamais eu de grande exposition “Dalí” au Musée de Céret. » C’est chose faite avec « Eureka », dont elle est commissaire générale, tandis que le commissariat scientifique est assuré par Jean-Michel Bouhours. Celui-ci précise qu’en quittant Céret, Dalí s’est rendu à Perpignan où il a voulu rencontrer Marcel Pagès, « un scientifique un peu marginal qui avait notamment travaillé sur le phénomène de l’antigravitation. Dalí était très excité par cette idée et, dans son tableau La Gare de Perpignan (Pop, op, yes-yes, pompier), il s’est représenté lévitant au centre de l’univers désigné par une croix. Ce voyage est marqué par la fascination de Dalí pour la science. » Dès lors, le fil conducteur de la rétrospective du Musée de Céret ne pouvait être que le rapport du peintre catalan aux sciences.

Venant essentiellement de la Fondation Gala-Salvador Dalí (Figueres), du Museo Nacional Centro de Arte Reina-Sofía (Madrid), du Musée national d’art moderne-Centre Pompidou et de collections privées, mais aussi de la faculté des sciences de Montpellier, plus de 200 toiles, dessins, sculptures, estampes, photos, films et objets scientifiques révèlent ce que l’œuvre doit à la grande curiosité scientifique de son auteur.

Avec ses camarades Federico García Lorca, Luis Buñuel et Eugenio d’Ors, il vivait à la résidence étudiante de Madrid où Albert Einstein vint donner une conférence sur la théorie de la relativité générale, en 1923. Le peintre en tira plus tard ses « montres molles ». Toute sa vie, Dalí a utilisé ses lectures pointues en physique, optique ou psychanalyse pour construire son œuvre. L’exposition le montre à travers une rétrospective où brille aussi, ce qui est rare, l’artiste âgé dont est présenté par exemple Enlèvement topologique d’Europe (Hommage à René Thom) de 1983. Passionnante, elle apporte un regard neuf sur le Catalan, mais ne peut donner sa pleine mesure qu’au cours d’une visite guidée ou catalogue en main.

 

DalÁ­ : Eureka,
jusqu’au 1er octobre, Musée d’art moderne, 8, bd Maréchal-Joffre, 66403 Céret.
Légende Photo
Salvador DalÁ­, Les Flammes, ils appellent (Las Llamas, llaman), 1942, Huile sur toile, 146,5 x 124 cm, Collection Nahmad, Monaco, © Salvador DalÁ­, Fundació Gala-Salvador DalÁ­

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : DalÁ­ avide de sciences

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