MUSÉOLOGIE

Architecture « hors sol »

Le Journal des Arts

Le 7 juin 2017 - 354 mots

Le Musée d’art et d’architecture de Genève décrit seize projets de musées. Las, le geste architectural l’emporte sur les problématiques muséologiques.

Genève. « Musées du XXIe siècle. Visions, ambitions, défis » : le titre de la nouvelle exposition du Musée d’art et d’histoire de Genève (MAHG), conçue en collaboration avec le Art Centre Basel, s’annonce ambitieuse. « Nous avons choisi seize musées significatifs de tendances, autour de cinq problématiques », explique Bertrand Mazeirat, conservateur au MAHG et co-commissaire de l’exposition.

Une frise synoptique accueille le visiteur, s’ouvrant avec l’inauguration du Grünes Gewölbe [musée renfermant une collection de trésors] de Dresde en 1723 et se terminant en 2020 avec l’ouverture prévue du grand « Kunsthaus » de Zurich. Si cette frise est séduisante, elle manque singulièrement de rigueur, tant le choix des commissaires d’y faire figurer tel ou tel musée semble arbitraire. Ensuite, le parcours se construit autour de seize « stands » présentant le projet architectural des musées choisis à l’aide de photographies, maquettes, dessins de projets et textes explicatifs. Ces textes retranscrivent essentiellement la vision portée par l’architecte et paraissent souvent déconnectés du contexte politique, social et financier dans lequel ils ont été pensés. Ainsi, concernant le « Genesis Museum »,  musée privé en construction à Pékin dessiné par Tadao Ando, rien n’est dit des collections privées qui sont censées y être présentées ni du montage financier de cette opération immobilière, tandis qu’un long texte présente la façon dont Ando construit des ouvertures sur la ville environnante.

Œuvres, public et médiation oubliés
Surtout, la frustration grandit à mesure que les projets s’égrènent et que sont oubliés les œuvres, le rapport avec le public, les outils concrets de médiation envisagés, les liens avec la cité autres que celui de l’emprise urbaine d’un bâtiment signé d’un lauréat du prix Pritzker.
Le même défaut transparaît dans le catalogue, qui offre sur 200 pages seulement cinq courts essais sur les projets scientifiques des musées contemporains. C’est d’autant plus dommage que le MAHG, qui travaille depuis des années à son extension, aurait pu saisir l’opportunité d’un catalogue pour prendre à bras-le-corps les problématiques muséologiques, certes difficiles à exposer.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°481 du 9 juin 2017, avec le titre suivant : Architecture « hors sol »

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