Photographie

Le photojournalisme a son Arche à la Défense

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 7 juin 2017 - 734 mots

PARIS

Le toit de la Grande Arche est de nouveau accessible au public, offrant des expositions de photojournalisme.

Paris. Lorsque l’architecte Jean Pistre de l’agence Valode & Pistre propose à Jean-François Leroy de réfléchir à un espace consacré au photojournalisme sur le toit de la Grande Arche de la Défense, le fondateur et directeur de Visa pour l’Image à Perpignan, n’a aucune hésitation : « C’était un cadeau tombé du ciel ! Eiffage associé aux architectes Valode et Pistre était l’un des trois groupes de construction en compétition avec Bouygues et Vinci pour la rénovation du pilier sud et de la terrasse. Eiffage a eu le marché puis a contacté avec Jean Pistre la société City One pour l’exploitation du toit. Je suis donc arrivé à City One dans la corbeille de la mariée ! »

L’inauguration de l’« Arche du photojournalisme » dans la foulée de celle du toit de la Grande Arche, le 1er juin, dote Paris d’un nouvel espace entièrement consacré à la photographie. Personne n’aurait pu le prédire tant le sort du bâtiment du Danois Johan Otto von Spreckelsen a pendant des années laissé ses propriétaires pour le moins indifférents – l’État est propriétaire du toit et du pilier sud tandis qu’Axa et la Caisse des Dépôts possèdent le pilier nord. Il a fallu la mobilisation de l’architecte Paul Andreu et des maîtres d’ouvrage Robert Lion et Jean-Louis Subileau pour que l’État organise un appel d’offres. C’est donc Eiffage associé aux architectes Valode & Pistre qui l’a emporté et signé avec l’État un contrat de partenariat public-privé moyennant un loyer de 10 millions d’euros par an pendant vingt ans.
Après vingt-quatre mois de travaux et 192 millions d’euros engagés dans la restauration, City One 111, filiale du groupe City One, a pris le relais en investissant 2,5 millions d’euros pour l’exploitation des quatre ascenseurs panoramiques et des 11 000 mètres carrés du toit qui offre une vue à 360° sur les environs. C’est là que l’on trouve, outre un restaurant dirigé par Jean-Christian Dumonet, l’Arche du photojournalisme. Les 1 400 mètres carrés d’espaces d’exposition de ce dernier en font le plus grand espace permanent consacré à la photo en général à Paris et en Île-de-France, voire en France, devant la Maison européenne de la photographie (MEP), d’une surface de 1 200 m2.

Une programmation indépendante
La photographe Stéphanie Sinclair inaugure la galerie principale réservée aux expositions monographiques avec son reportage « Mariées trop jeunes » entamé en 2003 en Afghanistan et dénonçant les mariages forcés. « L’autre espace de 200 m2 sera réservé à des expositions en lien avec l’actualité », explique Jean-François Leroy, déjà programmateur en 2015 d’une partie du reportage de Stéphanie Sinclair au festival Visa pour l’Image. « Eugene Richards lui succédera en octobre, précise-t-il. Cet espace va combler un vide. »

Le photojournalisme est le parent pauvre de la programmation des institutions parisiennes. Jean-François Leroy, aux commandes de cet espace pour trois ans renouvelables, entend prolonger à Paris ce qu’il montre à Perpignan durant son festival, unique grand rendez-vous international du photojournalisme. Veut-il s’appuyer sur certaines galeries connues pour exposer des photojournalistes ? Jean-François Leroy répond sans détour : « Je n’ai pas de galerie, de commissaires, de comité pour dire que j’ai envie de montrer le travail de Stéphanie Sinclair sur les petites filles que l’on marie ni pour me dire qu’Eugène Richards n’a jamais eu de rétrospective digne de ce nom à Paris alors qu’il est un des photographes vivants les plus importants. »
Le billet plein tarif pour accéder à l’Arche du photojournalisme, de 19 euros au total (15 € pour l’ascenseur 4 € pour les expositions) risque toutefois de dissuader nombre de visiteurs, du moins de limiter la fréquentation régulière du lieu. En réponse, Jean-François Leroy et Corinne de Conti, présidente de City One 111, soulignent que le prix pour accéder au toit-terrasse de la Grande Arche de la Défense est moins élevé que celui du dernier étage de la tour Eiffel. Par comparaison, le billet plein tarif de la MEP s’élève à 8 euros, et celui du Jeu de paume à 10 euros, celui du Bal à 6 euros. City One 111 table « sur une fréquentation de 400 000 personnes pour la première année d’exploitation, contre 320 000 lors de la fermeture de l’accès au toit et un million lors de l’inauguration [de la Grande Arche] », précise Corinne de Conti.

Arche de photojournalisme

Grande Arche de la Défense, Paris, www.lagrandearche.fr

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°481 du 9 juin 2017, avec le titre suivant : Le photojournalisme a son Arche à la Défense

Tous les articles dans Création

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque