Ventes publiques

Les animaux mènent la danse

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 24 mai 2017 - 570 mots

De Bugatti à Giacometti, le bestiaire s’impose dans les ventes de printemps
de design et arts décoratifs.

PARIS - Ouvertes par un Flamant en marche chez Christie’s, les ventes de design et arts décoratifs de printemps se sont achevées avec une tête de chien chez Sotheby’s. Signe du succès d’un bestiaire des plus divers au sein de ces vacations. Christie’s avait organisé une unique vente resserrée de 51 lots et abandonné son format de vente du jour First Open Home, conséquence de la récente réorientation de sa stratégie. La société a obtenu un beau résultat – 4,1 millions d’euros, au-delà de l’estimation – et c’est un petit animal, un lézard présent sur le Miroir à la vigne vierge de Claude Lalanne (458 500 euros), qui a volé la vedette à la star attendue, la Femme debout, les mains sur la nuque du sculpteur animalier Rembrandt Bugatti (410 500 euros). Dans le top 10 figuraient encore le fameux Flamant en marche du même créateur (122 500 euros) et un orang-outan de Georges-Lucien Guyot (182 500 euros), tous deux également partis bien au-delà de leur estimation, ou une table basse aux oiseaux de Diego Giacometti (302 500 euros).

Le créateur était mis en vedette chez Sotheby’s, qui lui avait réservé une vente monographique en plus de sa session généraliste. Cet ensemble de 27 lots était le dernier épisode d’une année de consécration pour l’artiste : collection Brollo chez Artcurial en septembre (4,7 millions d’euros), exposition « non selling » chez Sotheby’s en janvier, jusqu’à l’apothéose de la collection Hubert de Givenchy chez Christie’s en mars (32 millions d’euros) et un nouveau record cette semaine à New York. « L’idée de l’exposition est née du succès obtenu par un ensemble de pièces de Giacometti dans notre session du printemps dernier. Cet événement non marchand a poussé plusieurs collectionneurs à nous confier leurs pièces par la suite », explique Florent Jeanniard, directeur du département design chez Sotheby’s. Cette abondance d’offre n’a pourtant pas lassé le marché. « Cela l’a au contraire stimulé, toutes les ventes se sont bien passées. Cela faisait finalement peu de pièces au total par rapport aux quelque 500 collectionneurs qui s’y intéressent », assure le spécialiste. Sur les 11 millions d’euros totalisés pour les deux vacations de Sotheby’s, plus de la moitié a reposé sur les œuvres de Diego Giacometti, toutes vendues.

Des animaux sculptés prisés

Parmi les créations les plus prisées, le paravent Les animaux rois de 1984 (727 500 euros), une table Carcasse à la chauve-souris de 1982 (607 500 euros) ou une paire de fauteuil Tête de lionne (559 500 euros). À noter, le tapis La promenade des amis, édité à cent exemplaires, a sans surprise trouvé meilleure fortune dans cet ensemble monographique, où il a été adjugé 42 500 euros, que chez Christie’s, qui a cédé un exemplaire identique à 27 500 euros. « En plus de son talent de sculpteur animalier, Giacometti a un véritable sens des proportions. Sa technique est d’une modernité incroyable et ses pièces universelles et poétiques sont appréciées dans le monde entier », défend Florent Jeanniard. Pourquoi ce succès aujourd’hui ? « D’abord les pièces sont rares, il a travaillé seul et la période création est assez restreinte : de la mort de son frère Alberto, au milieu des années 1960, à sa propre mort en 1985. Et ce nom était dès le départ collectionné par Gunter Sachs, Cocteau, les Noailles, les Maeght… Par ailleurs, ses pièces étaient largement sous-évaluées, en regard de créateurs contemporains, qui fonctionnaient comme lui avec des séries ultra-limitées et sans galerie. Enfin d’autres éléments, comme les ouvrages en préparation, ou la réouverture du Musée Picasso ont aussi attisé cet intérêt. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°480 du 26 mai 2017, avec le titre suivant : Les animaux mènent la danse

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