Société

Ces italiens qui ont bâti la France

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 24 mai 2017 - 433 mots

PARIS

Première exposition consacrée à l’immigration italienne en France, «Â Ciao Italia » s’attache à exalter une intégration réussie, malgré les écueils.

PARIS - C’est « une sorte de résumé de l’histoire de l’immigration en France », explique Benjamin Stora, le président du Conseil d’orientation du Musée national de l’histoire de l’immigration. « Ciao Italia » a le mérite de s’intéresser au temps long, un siècle d’immigration italienne, en rappelant les tensions et violences qui l’ont accompagnée à ses débuts et en mettant l’accent sur ses apports à la nation française.

En l’espace d’un siècle, de 1860 à 1960, vingt-six millions d’Italiens ont quitté leur pays. C’est l’un des plus importants mouvements migratoires de l’histoire. La France constitue, à la fin du XIXe siècle et au début XXe, la troisième destination d’accueil des immigrants italiens, après les États-Unis et l’Argentine. Ils sont 63 000 à vivre en France en 1851, 330 000 en 1901, et 420 000 à la veille de la Première Guerre mondiale, soit 36 % des étrangers et 1 % de la population française. « La proximité géographique, le déficit naturel de la population française et les besoins de main-d’œuvre liés à la croissance économique expliquent cette attraction », analyse Stéphane Mourlane, le commissaire scientifique de l’exposition.

Immigration en quatre temps
Organisée en quatre sections, « Ciao Italia » s’ouvre par un prologue, restituant les périodes clés de cette immigration : les années 1860-1870 marquant le début du processus ; les années 1880-1910 accompagnées de xénophobie et de manifestations de rejet ; les années 1920-1940, Mussolini étant au pouvoir, qui se traduisent par un nouvel afflux ; puis la période 1950-1960, dernière phase du flux migratoire transalpin. Cette section marie avec intelligence des documents d’histoires (extraits de films et de journaux d’époque, photographies) avec des œuvres d’art évocatrices comme un poignant tableau d’Angelo Tommasi (Les émigrants 1896).

Cartes pédagogiques, images, vidéos et objets permettent de suivre, dans un deuxième temps, les itinéraires suivis par ces immigrés et leurs lieux privilégiés d’implantation dans l’Hexagone. Qu’y font-ils ? La troisième section répond à cette interrogation de manière concise en montrant (documents, photos et extraits de films à l’appui) les secteurs dans lesquels les Italiens ont exercé, en priorité, leurs savoir-faire (commerce, métiers du bâtiment et des travaux publics, music-hall, cinéma et cirque, etc.) leur permettant ainsi de s’intégrer, en veillant à ne pas cultiver leurs différences.

Trop brève, elliptique et parfois anecdotique, la dernière partie, consacrée aux apports des immigrés italiens et à leur empreinte socio-culturelle (accordéon, machine à écrire Olivetti, cafetière italienne et machine à faire les pâtes, etc.) s’avère, elle, décevante. Aldo Maccione, dans un extrait de L’aventure, c’est l’aventure de Claude Lelouch diffusé en boucle, est-il le mieux à même d’incarner l’image de « l’Italian lover » ?

Ciao Italia, ces immigrés italiens qui ont fait la France
Jusqu’au 10 septembre, Musée national de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte Dorée, 293, avenue Daumesnil, 75012 Paris.

Légende Photo
Publicité pour le fabricant de pâtes alimentaires Scapini, 1900, Chromo publicité Paris. © Musée national de l’histoire de l’immigration.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°480 du 26 mai 2017, avec le titre suivant : Ces italiens qui ont bâti la France

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