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Les ambitions du directeur du Musée d'archéologie nationale

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 26 avril 2017 - 752 mots

Le Musée d’archéologie nationale fête ses 150 ans et rêve de créer un centre de conservation et de ressources à l’extérieur du château de Saint-Germain-en-Laye pour libérer les espaces au profit de la muséographie.

SAINT-GERMAIN-EN-LAYE - Pour les commémorations des 150 ans de son ouverture, le Musée d’archéologie nationale (MAN) de Saint-Germain-en-Laye a belle allure. La façade d’entrée restaurée en 2016 accueille le visiteur coté ville avec un pont d’entrée à l’accessibilité améliorée. Coté domaine, les fenêtres donnant sur les parterres sont maintenant recouvertes d’échafaudages : le chantier, commencé en 2014, doit se terminer en 2019. L’État y aura investi 17 millions d’euros.

« La première restauration d’envergure depuis le XIXe siècle », selon la communication du MAN, coïncide avec le 150e anniversaire de l’ouverture de l’institution, inaugurée le 12 mai 1867. Alors intitulé « Musée des antiquités celtiques et gallo-romaines », le musée est issu d’une volonté politique de Napoléon III. « Il ouvre dans le contexte de l’Exposition universelle de 1867, symbole de l’ouverture de la France au monde », précise  d’emblée Hilaire Multon, directeur du musée depuis 2012. L’époque est marquée par des découvertes archéologiques majeures : Alésia, Solutré, l’abri de Cro-Magnon aux Eyzies de Tayac… « À son ouverture, le musée a déjà 16 000 numéros à l’inventaire », explique son directeur. Aujourd’hui, le musée en expose 30 000 et en conserve 3 millions dans ses réserves.

Les festivités prévues à partir du 12 mai vont revenir sur cette histoire des collections, du premier don de Frederik VII du Danemark aux dernières affectations issues des chantiers de fouilles du XXIe siècle. Deux nouveaux parcours à l’intérieur des salles seront inaugurés à cette occasion. Un grand week-end de reconstitution d’une légion romaine dans le domaine les 13 et 14 mai devrait attirer le grand public.

Hilaire Multon souhaite que cette « année anniversaire renforce la mise en lumière de la dynamique engagée » ces dernières années. Fort d’un projet scientifique et culturel (PSC) validé par le ministère de la Culture début février, le directeur a de grands projets pour le musée. Outre des coproductions renforcées, avec la Rmn-GP (Réunion des musées nationaux-Grand Palais) comme avec des institutions en région, l’institution se veut tête de pont d’un réseau français « Archéologie en musée » à l’image de Frame (French Regional and American Museum Exchange) pour les musées de beaux-arts. Deux réunions ont déjà eu lieu : en septembre dernier à Saint-Germain et en mars à Arles. « Il faut aller toujours plus loin, pour nourrir des capacités de moyens communs », constate le directeur. Au niveau européen, un colloque réunissant des grandes institutions étrangères se tiendra en décembre. En archéologie, « il y a une grande interaction entre les universitaires européens, c’est moins le cas au niveau des musées », juge Hilaire Multon.

Côté fréquentation, le musée culmine autour des 110 000 visiteurs par an. L’année 2016, terrible pour beaucoup d’institutions parisiennes et franciliennes, a épargné le MAN, avec une augmentation de 5 %. Mais 2017 s’annonce plus difficile, avec des programmes scolaires modifiés : la préhistoire, auparavant étudiée au primaire, passe en sixième. « Les sorties scolaires au collège sont plus complexes à mettre en place, ne serait-ce qu’en termes de plages horaires pour les enseignants », explique-t-on au musée.

« Rendre le château aux visiteurs »
« On est au plafond de verre de fréquentation et il y a une embolie dans les réserves », estime Hilaire Multon. De fait, les espaces de réserves et d’administration rendent le parcours de visite quelque peu labyrinthique, avec des ruptures complexes et une accessibilité toute relative. Le PSC prévoit donc la création d’un centre de conservation et de ressources extérieur au château. « Nous voulons rendre le château à nos visiteurs », s’enthousiasme le directeur, qui assure que le projet est crédible et partiellement financé. Les ressources propres dégagées par le musée grâce à la redevance de la domanialité du parc (dont le musée est affectataire) et à des prêts consentis au Louvre Abou Dhabi pourraient financer la phase 0 d’un schéma directeur avec l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture. Un tiers de l’espace pourrait ainsi être libéré, améliorant la cohérence du parcours et l’accessibilité. Le maintien des salles historiques est acté dans le PSC, et une salle consacrée à l’histoire du monument avec des dépôts et des outils numérique est déjà prévue. « Si l’État se donne les moyens, le musée peut viser les 300 000 visiteurs », estime le directeur, lorgnant la fréquentation du château de Chantilly, pourtant moins desservi. Avec 1,2 million de visiteurs entrant dans le domaine de Saint-Germain-en-Laye chaque année, l’objectif ne paraît pas irréaliste.

Reste également un autre problème, le nom de l’institution : « Musée d’archéologie nationale-Domaine national Saint-Germain-en-Laye », peu lisible de l’extérieur, n’est pas forcément le plus efficace pour attirer voyagistes et touristes étrangers. Mais à Saint-Germain, les idées ne manquent pas.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°478 du 28 avril 2017, avec le titre suivant : Les ambitions du directeur du Musée d'archéologie nationale

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