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La guerre des festivals francais de séries TV

Par Servane Viguier · Le Journal des Arts

Le 12 avril 2017 - 551 mots

Pas moins de quatre festivals de séries TV vont coexister en France. L’État soutient Lille, tandis que Fleur Pellerin préside celui de Cannes.

PARIS - Malgré le choix du ministère de la Culture qui s’est porté sur Lille pour accueillir le Festival international des séries en 2018, Cannes Séries fait cavalier seul. À la barbe du Gouvernement, le festival de séries cannois a été officiellement annoncé le 3 avril par sa présidente Fleur Pellerin, ex-ministre socialiste de la Culture, pourtant à l’origine du projet, et le maire David Lisnard (LR), en marge du MipTV, un marché qui attire des milliers de professionnels pour le financement de programmes télévisuels.

Ce projet concurrent « n’est pas juste un énième festival », affirme l’ex-locataire de la Rue de Valois qui, avant d’être écartée, puis remplacée par Audrey Azoulay, avait confié à Laurence Herszberg, directrice du Forum des images à l’origine du succès de Série Mania, la mission de créer un festival international des séries. Refusant la polémique, Fleur Pellerin se réjouit de porter « librement » le projet cannois, en ajoutant qu’il y a « de la place pour différents acteurs ». En effet, plusieurs festivals vont désormais cohabiter, rendant préoccupant leur avenir.

Un scénario à rebondissements
Scénario rocambolesque, épisodes haletants, le dénouement de la bataille des villes (Bordeaux, Paris, Lille, Cannes) face à l’appel d’offres aura été rythmé pendant près d’un an, suite à la consultation du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée). La candidature de Lille, soutenue par la maire Martine Aubry et Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, a fini par l’emporter le 24 mars avec un budget de 4,4 millions d’euros, dont un million d’euros de participation de l’État, via le CNC.

Le match final se disputait alors entre Lille et Paris, Cannes étant évincée. Un choix qui a sans doute fuité, puisque la veille David Lisnard, prend de court le ministère, en déclarant (le 9 janvier) qu’il organisera le festival des séries « quoi qu’il arrive », sans compter sur l’aide de l’État, avec un budget de 4,5 millions et le concours de Canal  , partenaire du festival du cinéma depuis trente ans. Le directeur général de la chaîne, Maxime Saada, a précisé lundi que ce serait le seul festival des séries que la chaîne soutiendrait. « Il n’existe pas de rendez-vous incontournable des séries de dimension internationale. David Lisnard travaillait déjà depuis plusieurs années sur ce même sujet », légitime Fleur Pellerin…

Outre l’organisation des marchés internationaux de contenus audiovisuels Mipcom et MIPTV, Cannes prépare son futur campus universitaire (un chantier de 30 millions d’euros), réalisé par Christophe Gulizzi, qui formera dès 2019 les futurs scénaristes de cinéma et séries, en partenariat avec la prestigieuse université californienne UCLA. L’accent sera mis sur les productions asiatiques, européennes et américaines.

Quid des autres festivals ? Séries Mania (40 000 spectateurs) à Paris, Séries Series à Fontainebleau (600 professionnels, 2 500 participants), en plus de Lille et Cannes vont se retrouver en concurrence, auprès des professionnels, mais aussi vis-à-vis des financements publics. Or, « le ministère n’a pas vocation à multiplier les financements », dit-on Rue de Valois. Séries Mania peut-il continuer à exister sans le financement du CNC (750 000 euros pour 2017) ? La décision du ministère de la Culture va se « traduire par le résultat inverse à l’objectif recherché à l’origine, à savoir trois festivals de séries concurrents sur le territoire français », critique Bruno Julliard, premier adjoint de la Mairie de Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°477 du 14 avril 2017, avec le titre suivant : La guerre des festivals francais de séries TV

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