Années 1980

Fades « eighties »

Le Whitney Museum échoue à dresser un véritable portrait de la peinture de l’époque

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 29 mars 2017 - 363 mots

NEW YORK - Que faire dans trois salles d’exposition avec vingt-trois tableaux, seize pièces graphiques – toutes regroupées sur le même mur – et deux morceaux de papier peint ?

Raconter la peinture américaine des années 1980, rien de moins ! Voilà ce à quoi s’est attelé à New York le Whitney Museum of American Art. Bien entendu les œuvres, au vu de la qualité globale de la collection, sont de belle facture. Mais s’agit-il là d’une exposition ? Probablement pas, plutôt d’un saupoudrage des principaux noms de l’époque.

Ceux qui doivent y être y sont, avec une œuvre et jamais deux : pardon, Keith Haring a droit à une toile et au papier peint venu de son fameux Pop Shop [la boutique où il commercialisait ses objets, NDLR]. Des stars et des superstars donc, tels Christopher Wool, Jean-Michel Basquiat, David Salle, George Condo, Eric Fischl, Julian Schnabel…, et des notoriétés intermédiaires, à l’exemple de Martin Wong, dont le travail est, à juste titre, en train d’être réévalué, mais aussi de Moira Dryer, Terry Winters ou Robert Colescott.

Quant à savoir de quoi parlent ces années 1980, les « indices » distillés dressent le portrait d’une décennie sombre, marquée par un libéralisme économique débridé – les années Reagan – et l’apparition du Sida ; le tout témoignant d’une diversité stylistique notable, en dépit du fait que le vocable de « néo-expressionnisme » a longtemps collé à la pratique de nombre de ces artistes.

L’inquiétude sociale et la violence en 5 tableaux

Même si un magnifique Fischl, un « diptyque », dit tout des ambivalences du pays en figurant d’un côté des réfugiés qui débarquent sur une île, de l’autre les touristes qui s’y font bronzer (A Visit To/A Visit From/The Island, 1983), traiter de l’inquiétude sociale et de la violence en une salle et cinq tableaux relève de la gageure. Une toile de Ross Bleckner évoquant les victimes du Sida a ainsi très peu à voir avec l’abstraction « marine » et contemplative de Mary Heilmann qui lui est voisine dans l’accrochage.

Alors qu’elle est visuellement énergique, cette peinture des années 1980 ainsi traitée à la va-vite devient plate et fade. Triste exposition.

Fast forward : painting from the 1980's

Jusqu'au 14 mai, Whitney Museum of American Art, 99 Gansevoort Street, New York, Etats-Unis.

Légende Photo

Julia Wachtel , Membership, 1984, huile sur toile, 167,6 Á— 205,7 cm, Whitney Museum of American Art © Courtesy Julia Wachtel et Elizabeth Dee New York © Whitney Museum, New York.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°476 du 31 mars 2017, avec le titre suivant : Fades « eighties »

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