Rétrospective

Les lignes de vie de James Welling

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 14 mars 2017 - 487 mots

A la croisée entre photographie, film et peinture, l’artiste expérimente des langages artistiques qui racontent l’histoire de la photographie à partir de motifs issus de sa propre histoire.

GAND - La photographie est l’outil et le matériau d’expression privilégié de James Welling, la vidéo venant en contrepoint. Depuis plus de quarante ans sa pratique du médium réfère à des points d’ancrage précis, que ce soit en peinture (sa formation première), en danse (autre discipline étudiée), en sculpture, en histoire de la photographie ou en architecture. En début d’année, à Paris, la galerie Marian Goodman a consacré un focus éloquent à la place et au rôle de la couleur dans la construction de ses images à partir de deux nouvelles productions inédites : « New Flowers », série de photogrammes, et Seascape, vidéo, l’une et l’autre dialoguant avec des séries anciennes ou récentes. Pourtant, en Europe persiste une vision parcellaire et surtout éclatée du travail de l’artiste américain, l’un des plus novateurs dans ses expérimentations et usages de la photographie, renouvelés avec une grande cohérence. Une cohérence dont le S.M.A.K. (Musée municipal pour l’art actuel), à Gand, fait la démonstration avec un formidable accrochage où photos et vidéos sélectionnées de concert avec l’artiste se font écho.

Ramifications multiples
Cette première rétrospective en Europe consacrée à James Welling, que le S.M.A.K. a coproduite avec le Kunstforum de Vienne, éclaire en effet l’œuvre. On s’étonne d’ailleurs qu’aucune institution, en particulier en France, ne la reprenne tant l’articulation non chronologique entre les différentes séries d’œuvres reconstitue le puzzle d’un travail aux nombreuses racines et à la frondaison complexe. Car s’il existe des permanences chez Welling liées tant à l’étude de la lumière et à l’histoire de la photographie (de László Moholy-Nagy ou Man Ray à Paul Strand et Edward Weston) qu’à celle de la peinture américaine (d’Andrew Wyeth à Mark Rothko), il apparaît que sa propre histoire, personnelle ou familiale, ses paysages et ses lieux, irriguent fortement le travail. Le chêne situé à proximité de la maison familiale dans le Connecticut est peint une première fois en 1967 puis filmé en 1971, et apparaît photographié à plusieurs reprises : pour Diary Landscapes (1977-1986) d’abord, puis dans Oak Tree (2012-2014). La vidéo Seascape est quant à elle construite à partir d’un film tourné par son grand-père dans les années 1930 sur un rivage rocheux de l’océan Atlantique ; James Welling recolorise le matériau filmique à partir des teintes du tableau peint par son père sur le même site – tableau que l’on retrouve au-dessus d’une cheminée dans une des photos de la série « Diary Landscapes ».

Les productions réalisées à l’occasion de cette rétrospective évoquent des études. Ce qui permet de rapprocher des travaux aussi différents que Choreograph ou Dégradés (photogrammes couleur) avec le noir et blanc empreint du plus grand classicisme de Light Sources ou Railroad Photographs.

JAMES WELLING

Commissaires : Martin Germann (S.M.A.K.), Heike Eipeldauer (Kunstforum Wien)
Nombre d’œuvres : 174

James Welling, Metamorphosis, S.M.A.K.

Jusqu’au 16 avril, 1 Jan Hoetplein, Gand (Belgique), tél. 32 9240 76 01, www.smak.be, tlj sauf lundi 9h30-17h30, entrée 8 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°475 du 17 mars 2017, avec le titre suivant : Les lignes de vie de James Welling

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