Mathias Ary Jan : « Le président du SNA n’est plus le seul décisionnaire »

Président du Syndicat national des antiquaires

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 15 février 2017 - 798 mots

Succédant à Dominique Chevalier, Mathias Ary Jan a pris la présidence du Syndicat national des antiquaires (SNA) le 22 novembre dernier.

Comment expliquez-vous le « renversement » de Dominique Chevalier, votre prédécesseur ?
Il ne s’agit pas d’un « renversement » ; plusieurs personnes ont simplement considéré que, par rapport à la stratégie et à la dynamique que nous avions mises en place, c’était une bonne chose que soit choisi un président d’une « nouvelle génération » qui continue la politique engagée. Il n’y a aucune polémique à ce niveau-là. Aujourd’hui, les choses ont changé. Nous travaillons tous de façon collective et le président n’est plus le seul décisionnaire.

Comment voyez-vous le positionnement de la Biennale des antiquaires, prise en étau entre Tefaf [The European Fine art Fair] et la Brafa [Brussels Antiques & Fine Art Fair] ?

La Biennale n’est absolument pas prise en étau. Elle est le salon le plus ancien et le premier événement de la rentrée. Chaque foire a son identité. La Biennale est un salon alors que Tefaf et Brafa sont des foires et se revendiquent comme telles. À la Brafa par exemple, la mise en scène des stands n’est pas la même qu’à la Biennale, véritable musée éphémère où chaque exposant fait un effort considérable pour mettre en scène les objets. Tefaf est beaucoup plus vaste, réunit beaucoup plus de marchands, ce n’est pas comparable.

Quelles décisions ont été prises concernant la prochaine Biennale ?
Nous allons fermer le salon d’honneur pour donner davantage de contenu à la nef. Nous gardons le même décor et le même plan, si ce n’est que les trois allées seront d’égale largeur, contrairement aux années précédentes où l’allée centrale était plus large. Nous avons gagné de l’espace et pourrons accueillir le même nombre d’exposants. L’exposition muséale se tiendra également au rez-de-chaussée, dans l’aile gauche et l’aile droite, pour créer une dynamique. Concernant la Haute Joaillerie, il y a eu des excès dans les deux sens. En tant que président, je suis extrêmement favorable à son retour mais dans un juste équilibre. Quant à la liste des participants, la commission Biennale, sous la présidence de [l’homme d’affaires américain] Christopher Forbes, se réunit le 20 février. Une importante communication sera faite à travers lui aux États-Unis et elle sera aussi renforcée en Chine.
Concernant le poste de directeur général, nous n’avons pas jugé pertinent de le reconduire, mais cela peut évoluer [Jean-Daniel Compain, directeur du pôle « culture, luxe et loisirs »  de Reed Exhibition, occupait le poste l’an dernier, NDLR]. Par ailleurs, Georges-François Hirsch [ancien directeur général de la Création artistique], sera le commissaire de l’exposition programmée cette année.

Comment avez-vous réagi en apprenant la tenue du salon Paris Tableau à Bruxelles ?
Nous n’avons ni racheté ni obligé Paris Tableau à se rallier à la Biennale. Ce sont les exposants qui ont jugé pertinent de l’intégrer. Cette entité est indépendante et libre de se tenir où elle le souhaite, sous couvert toutefois de quelques restrictions : pas à Paris et ce pendant trois ans. Cela ne nous gêne pas du tout car l’édition bruxelloise a lieu au mois de juin. Beaucoup d’exposants de Paris Tableau se sont d’ailleurs déjà réinscrits pour la prochaine Biennale.

Comment se porte la profession ?
La profession est dynamique. Paris est la dernière capitale où il reste autant de galeries et de quartiers d’antiquaires avec une diversité de choix importante.

Les affaires qui ont touché le marché de l’art à l’été 2016 ont-elles eu un impact sur le chiffre d’affaires des adhérents ?
Les affaires, qui concernent deux de nos membres, sont en cours et la présomption d’innocence est de mise. Mon rôle est de m’occuper des actions syndicales et de la Biennale. Pour cet événement, les commissions de vetting [commission d’admission des objets exposés] vont être renforcées, et compter davantage d’experts. Nous voulons être le salon le plus irréprochable. Quand on est un professionnel et que l’on travaille depuis quinze ou vingt ans dans un domaine où l’on est reconnu, ce qui concerne les uns ne concerne pas les autres. Pour moi, ces affaires n’ont eu aucun impact. Sinon, il n’y aurait pas eu autant de transactions à la Biennale.

Comment se porte financièrement le syndicat à la suite des nombreuses dépenses engagées l’an passé ?
La Biennale a radicalement changé dans sa structure comme dans son contenu. Cela a occasionné beaucoup de frais [budget de la Biennale 2016 : 10 à 12 M€ ; pertes : 2 à 3 M€, NDLR]. Nous comptons bien commencer à percevoir les fruits des investissements engagés l’année dernière. Il faut les voir non comme une perte mais comme une restructuration nécessaire pour donner une autre image de la Biennale et faire revenir les marchands qui l’avaient désertée. Je ne communiquerai pas sur le budget de cette année pour le moment. Le SNA n’est pas déficitaire, sinon nos bureaux seraient fermés. Nous continuons à investir et nous sommes très optimistes sur l’avenir.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°473 du 17 février 2017, avec le titre suivant : Mathias Ary Jan : « Le président du SNA n’est plus le seul décisionnaire »

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