Restitutions

Les archives « Rose Valland » du ministère des Affaires étrangères

Par Estelle Bories · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2017 - 535 mots

Conservées par le Maedi (ministère des Affaires étrangères et du Développement international), les archives des services français chargés de la récupération des biens spoliés entre 1940 et 1945 (1 062 cartons) jouent un rôle déterminant dans les recherches de provenance de biens artistiques.

Outre le fait que les œuvres inventoriées MNR, restent sous l’autorité du Maedi, il est important de comprendre l’historique de ce fonds, afin de mieux en saisir l’importance dans les recherches de provenance.

Produites par les services créés à la Libération et après-guerre pour récupérer les biens spoliés par les nazis, ces archives donnent des éléments d’identification sur les œuvres d’art, les archives, les livres – qu’ils aient été spoliés à des familles juives, à des institutions publiques ou achetés régulièrement sur le marché parisien, puis transférés en Allemagne. Elles donnent des informations sur les acteurs de ces transferts – intermédiaires français, officiers, marchands allemands, comme le fameux Gurlitt, collectionneurs, musées. Elles portent aussi sur les éventuels rapatriements en France, depuis les collecting points des zones d’occupation alliées.

Ces archives sont parfois appelées « archives Rose Valland », du nom de l’attachée du Jeu de paume qui a dressé la liste des objets qu’elle voyait transiter par ce musée, utilisé comme dépôt par les autorités allemandes. À ces listes s’ajoutent des archives allemandes récupérées par les services français, comme les copies des listes de l’ERR. En 1955, après l’achèvement des opérations de récupération en territoires allemand et autrichien, l’ensemble des dossiers nominatifs, Rose Valland a poursuivi, au sein du service de protection des œuvres d’art de la direction des musées de France, les recherches sur l’itinéraire des œuvres spoliées ou retrouvées.

Après sa mort, en 1980, ces archives ont été entreposées par la direction des musées de France dans les caves du château de Bois-Préau à Rueil-Malmaison jusqu’au début des années 1990. Le transfert au ministère des Affaires étrangères s’est déroulé entre 1991 et 1992. Un dernier lot d’archives comprenant les notes originales prises par Rose Valland au Jeu de paume devrait être prochainement déposé.

Une plus grande accessibilité
Grand tournant, en 2009, les archives des récupérations artistiques deviennent accessibles au public. La réduction des délais de communicabilité (de 60 ans à 50 ans) des documents mettant en cause la vie privée des personnes a permis cette ouverture initiale. De plus, la numérisation systématique des documents les plus précieux a facilité l’accès aux informations. Les innovations techniques ont contribué parallèlement à la réalisation d’un instrument de recherche complet sous forme de base de données ARBCS (Archives de la récupération des biens culturels spoliés). Les recherches pour la CIVS, sur les MNR ou sur la collection Gurlitt en ont bénéficié. Il devenait possible de croiser plus facilement données et images.

La constitution du groupe de travail sur les MNR auquel participent certains archivistes du Maedi a révélé à quel point un travail coordonné entre plusieurs services de l’administration était devenu indispensable. Sans la mise en commun des données, toute recherche demeure lacunaire. Soixante-dix-sept ans après les premières spoliations en France, il reste difficile de reconstituer l’histoire d’une œuvre et, a fortiori, d’en retrouver les propriétaires. Ce travail au long cours nécessitera encore du temps pour retracer le parcours sinueux des biens culturels spoliés.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°472 du 3 février 2017, avec le titre suivant : Les archives « Rose Valland » du ministère des Affaires étrangères

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