Afex

Ces artistes français qui exportent

Un joli ouvrage qui recense 50 réalisations architecturales françaises à l’étranger.

Durant l’automne, l’association Architectes français à l’export (Afex) a monté une exposition dans la cour du Palais-Royal, à Paris. Une cinquantaine de photographies grand format montraient des réalisations (maisons individuelles, universités, immeubles de bureaux ou aéroports) hors de France ayant toutes eu un maître d’œuvre français. Pour ceux qui n’ont pas pu flâner place Colette, un petit catalogue bilingue, joli objet bleu Klein, a été publié par les Éditions Dominique Carré. Quelques (trop) brèves lignes d’introduction présentent les constructions. Le livre n’apprendra rien aux experts, mais donne une image accessible de l’architecture française à l’export, dans une lecture agréable.

Qu’ont en commun les 37 architectes et 50 bâtiments choisis ? D’un point de vue formel, la diversité des projets ne laisse apparaître aucune similitude : la gare de Casablanca (Maroc) par Arep, le Lycée français d’Amman (Jordanie) par AW2 (Stéphanie Ledoux et Reda Amalou) ou le siège de ThyssenKrupp à Essen (Allemagne) par Chaix & Morel ne démontrent ni références ni styles communs. D’un point de vue technique, on retrouve certes l’expertise de grands groupes français de BTP. Mais ce que partagent ces 50 réalisations est raconté entre les lignes : la difficulté de travailler hors des frontières, souvent dans une autre langue, quand les projets exigent une connaissance et une compréhension des enjeux locaux pour lesquelles toute entreprise étrangère part avec une longueur de retard.

En creux, ce catalogue dessine donc une double réalité : une image de la France, d’abord, qui mêle expertise et romantisme aux yeux des maîtres d’ouvrage et permet aux plus téméraires d’emporter des marchés dans des contextes souvent complexes. Ensuite, le livre offre une photographie mondiale des pays où les Français réussissent. La Chine concentre à elle seule un quart des projets (Paul Andreu y est notamment à l’honneur) tandis que le Louvre-Abou Dhabi, seul  projet dans la région, illustre la difficulté à gagner des marchés dans cette zone. De même, le marché africain n’est représenté ici que par des pays francophones (Maroc, Sénégal, Mali, Madagascar).

Au final, les grands noms sont là : Nouvel, Portzamparc, Perrault, Wilmotte, ainsi que des signatures devenues familières comme Architecture Studio, Arte Charpentier ou X-TU. Mais on retrouve aussi la nouvelle génération, avec Tryptique (basée à São Paulo et Paris) ou la prometteuse agence DGT., récompensée par le Grand Prix Afex 2016 pour le nouveau Musée national estonien. L’ouvrage rappelle ainsi au passage au grand public que les marchés internationaux ne sont pas réservés aux Pritzker Prize. Le secteur, souvent décrit comme sinistré ces dernières années, appréciera ici cette incitation à l’audace comme cette légitime autopromotion.

Ailleurs/Outwards, architectes français à l’export, Frédéric Lenne

Editions La Découverte, coll. « Dominique Carré éditeur », 2016, 215 p., 35 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°470 du 6 janvier 2017, avec le titre suivant : Ces artistes français qui exportent

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