Préhistoire

Un ours bien mystérieux

Le Journal des Arts

Le 3 janvier 2017 - 426 mots

Le Musée d’archéologie nationale tente de définir avec pédagogie la place de l’ours dans l’art préhistorique, malgré un savoir actuel limité.

SAINT-GERMAIN-EN-LAYE - Près de deux cents représentations d’ours sont aujourd’hui recensées dans l’art préhistorique, un chiffre bien inférieur à celui d’autres grands animaux de cette période. Mais la place accordée à l’ours dans les représentations pariétales est très spécifique, un point peu abordé par les historiens. C’est ce constat de départ qui a poussé le Musée d’archéologie nationale (MAN), à Saint-Germain-en-Laye, à organiser une exposition autour de l’animal et sa place dans l’art de la préhistoire.

Dès le début, le parcours se veut grand public, convoquant Rahan et son fameux collier en canine d’ours et une restitution d’un ours des cavernes, espèce éteinte contemporaine des hommes préhistoriques. Cet ours, longtemps perçu dans l’imaginaire du XIXe siècle comme un ennemi de l’homme, végétarien, n’était en fait pas un prédateur pour l’homme préhistorique. Cette mise en contexte historique, étayée de dessins et de textes simples et efficaces est particulièrement bien conçue. D’autant plus que la scénographie, inventive et moderne, alterne vitrines et dispositifs numériques pour montrer les détails et les lignes parfois invisibles sur le matériel archéologique. Hommage est rendu aux historiens qui, au cours des décennies, ont enrichi le corpus iconographique de la préhistoire, décelant sur l’os, la pierre ou l’argile les courbes d’un ursidé.

Des questions en suspens
Pourtant, au fur et à mesure du parcours, l’exposition tend progressivement vers une énumération un peu laborieuse des différentes typologies de représentation de l’ours. « Aujourd’hui, nous n’avons accès qu’à une infime part de ce qui a existé : il est donc très difficile de comprendre précisément à quoi cet art servait ou ce qu’il signifiait », note les commissaires dans l’album de l’exposition. De fait, l’exposition soulève plus de questions qu’elle n’y répond. Pourquoi ne connaît-on que quatre-vingts occurrences de l’ours dans l’art pariétal, contre des milliers de chevaux ou de bisons ? Pourquoi apparaît-il dans des endroits périphériques, difficiles d’accès ou tout en hauteur, cachés de la vue des hommes ? Y avait-il un culte ancien des ours, avec des rites associés ? Les historiens s’interrogent encore. Mais faute de problématique posée avec clarté, l’exposition du MAN se perd dans un propos quelque peu aride sur l’iconographie des ursidés. Reste un corpus d’objets choisis avec soin, témoins de l’incroyable inventivité des hommes préhistoriques pour décrire leur environnement et leur vision du monde.

L’ours

Commissariat : Catherine Schwab, conservateur en chef du patrimoine, MAN, et Elena Man-Estier, conservateur du patrimoine, service d’archéologie de Bretagne.
Scénographie : Marion Golmard

L’ours dans l’art préhistorique

Jusqu’au 30 janvier, Musée d’Archéologie nationale, château de Saint-Germain-en-Laye, place Charles de Gaulle, 78105 Saint-Germain-en-Laye, www.musee-archeologienationale.fr, ouvert tlj sauf mardi, 10h-17h, entrée 4,50 €. Catalogue, Ed. RMN-GP, 96 p., 18 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°470 du 6 janvier 2017, avec le titre suivant : Un ours bien mystérieux

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