Photographie

Clément Chéroux : « La Galerie de photographies a engendré des donations »

Du Centre Pompidou au MoMA de San Francisco

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 6 décembre 2016 - 644 mots

Clément Chéroux a œuvré durant dix ans au Musée national d’art moderne (Mnam), d’abord au côté de Quentin Bajac, responsable du cabinet de la photographie de 2017 à 2013, puis en prenant sa succession.

Clément Chéroux © courtesy Centre Pompidou / Photo Hervé Véronèse
Clément Chéroux.
© Photo Hervé Véronèse
Courtesy Centre Pompidou

Avant de prendre ses fonctions de conservateur en chef pour la photographie du Musée d’art moderne de San Francisco (SFMoMA) en janvier 2017, Clément Chéroux revient sur l’ouverture de la Galerie de photographie au Centre Pompidou.

En 2014 était inaugurée, au niveau – 1 du Centre Pompidou, la Galerie de photographies, espace en accès libre de 200 m2, voué à la présentation de la collection photo du Mnam. En matière d’enrichissement des collections, qu’apporte cette galerie ?
La Galerie de photographies a changé énormément de choses pour nous. Elle a engendré davantage de donations, quelques œuvres d’Agnès Varda ou d’Anna et Bernhard Blume. La donation de Josef Koudelka de 75 photographies issues de la série « Exils » s’est faite parce qu’il savait qu’elle serait exposée au sein du musée (à partir du 22 février 2017, NDLR). De la même manière, Louis Stettner, auquel nous avions acheté un certain nombre de tirages exposés par la suite au musée, a été tellement emballé par la Galerie qu’il nous a fait un splendide don de 105 tirages en souhaitant que le Centre Pompidou devienne le lieu de référence de son œuvre.

La programmation photo fait parfois l’objet de critiques, comme l’exposition « Les années 1980, l’insoutenable légèreté », construite à partir des collections et de dons récents dont celui de Jean-Paul Goude. Ce sujet, bien que traité sous un angle précis, n’était-il pas trop ambitieux pour l’espace réduit de la Galerie, mais aussi déséquilibré avec ce mur entier consacré à Jean-Paul Goude ?
Cette exposition a été extrêmement appréciée du public. De même, « Qu’est-ce que la photographie ? », avec 66 456 visiteurs, a été l’exposition de la Galerie qui a enregistré le plus grand nombre d’entrées, la moyenne de sa fréquentation par exposition étant de 50 000 visiteurs. Lors de la création de la Galerie, j’ai défendu bec et ongles l’idée que nous puissions interroger dans cet espace nos collections, par le biais aussi bien de la monographie que d’une thématique. Que les gens comprennent que ces expositions sont en lien avec nos collections n’est qu’une question d’habitude.

Quatre ans après le départ de Quentin Bajac pour diriger le département photo du MoMA de New York, vous quittez à votre tour le Centre Pompidou pour rejoindre le SFMoMA. En septembre dernier, Luce Lebart, directrice de la Société française de photographie, a pris la direction du Canadian Photography Institute à Ottawa. Comment faut-il voir ces départs successifs ?
Mon départ a suscité plusieurs articles qui parlaient d’une fuite des conservateurs français. Ce qui est totalement faux. Le Centre Pompidou recrute autant de conservateurs étrangers. Karolina Ziebinska-Lewandowska, brillante conservatrice polonaise, nous a rejoints il y a trois ans. L’équipe de conservateurs comprend aussi une Allemande, un Danois et un Chinois depuis quelque mois. Ce phénomène de circulation de conservateurs existe dans le domaine de l’art moderne et contemporain. Il n’y a aucune raison pour que la photographie y échappe.

Lorsque Quentin Bajac est arrivé au MoMA, il ne mesurait pas la charge de travail induite par les fonctions administratives de son poste ni celle relative à la recherche de financements privés. Vos nouvelles fonctions au SFMoMA n’y échapperont pas. Cela n’effraie-t-il pas le conservateur que vous êtes avant tout ?
Quand on s’apprête à faire ce pas, on est toujours un peu inquiet car on change d’outil et de manière de faire son métier. Quand avec Karolina Ziebinska-Lewandowska nous avons créé en janvier 2015 le groupe d’acquisitions pour la photographie (Gap) afin de contribuer au développement de la collection, il n’existait au sein des autres départements du Mnam aucun groupe de ce type. J’ai trouvé passionnante cette initiative. J’imagine qu’au SFMoMA le fonctionnement avec les collectionneurs américains sera différent, mais la création du Gap a été un avant-goût de cette manière de travailler.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°469 du 9 décembre 2016, avec le titre suivant : Clément Chéroux : « La Galerie de photographies a engendré des donations »

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