Artist-run spaces

Pour les artistes, par les artistes

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 6 décembre 2016 - 654 mots

A l’occasion des 20 ans du centre d’art niçois La Station, la Villa Arson met en lumière l’activité d’une vingtaine de structures d’exposition et de production gérées par des artistes

NICE - Même le camping-car ayant servi à transporter tout ce bric-à-brac est là ! Dans la Galerie carrée de la Villa Arson, à Nice, une multitude d’objets évoquant le voyage et un joyeux paysage encadrent les déambulations du visiteur, après une pérégrination organisée par les centres d’art Lieu-Commun (Toulouse) et Zébra3 (Bordeaux). Invités à exposer là, les compères ont imaginé un accrochage collectif intitulé « South Spirit. Un road trip artistique », qui a pris corps au gré de la route entre Bordeaux et Nice, au fil des arrêts destinés à récupérer des œuvres chez des artistes conviés à rejoindre l’aventure. Laurent Perbos a laissé s’élever du sol un tronc et des souches d’arbres faits de tuyaux en plastique agrégés ; Camille Lavaud a installé une drôle de tente couverte de motifs un peu naïfs et énigmatiques ; Jean Denant a sorti un paravent et une chaise Le Corbusier, parfaite pour une séance d’analyse, exécutés en contreplaqué peint en blanc. De son côté, Cédric Teisseire donne à voir une compression par le feu des centaines de canettes de bière consommées par tous les protagonistes lors de l’élaboration de ce vaste projet, qui s’étend dans tous les espaces du centre d’art niçois.

Le CAN (Centre d’art de Neuchâtel, Suisse), Tank Art Space (Marseille), La BF15 (Lyon), Palais des Paris (Gunma, Japon), Numéro 13 (Bruxelles), L’Espace d’en bas (Paris)…: certains lieux sont connus, d’autres moins. Mais tous ont la particularité d’être ce que l’on appelle aujourd’hui des « artist-run spaces », des espaces d’exposition et de production, des résidences aussi parfois, entièrement gérés par des artistes. Vingt-deux structures sont ainsi réunies à la Villa Arson, dans une manifestation intitulée « Run Run Run », aussi nerveuse que diverse.
La raison de ce rassemblement ? La célébration des 20 ans de La Station, fondée par d’anciens étudiants de la Villa Arson et très vite devenue – et demeurée – un lieu d’art contemporain des plus actif dans la ville de Nice. Mais plutôt qu’une manifestation hommage ou autocentrée, l’équipe de cette dernière a préféré que soient mis à l’honneur les artist-run spaces. D’autant que la Villa Arson offre, outre ses espaces d’exposition, des possibilités d’accueil pour les artistes et des capacités de production, dans ses ateliers aux multiples spécialités.

C’est un esprit d’expérimentation constante qui a présidé à l’entreprise, avec des rencontres et conversations qui ont donné forme à la manifestation et aux œuvres présentées, dont beaucoup ont été produites sur place, dans un centre d’art devenu plusieurs semaines durant un gigantesque atelier. Conséquence, de commissaire il n’y a pas, même si le directeur de la Villa et les artistes Jean-Baptiste Ganne et Cédric Teisseire ont porté le projet. « Les artist-run spaces sont des lieux malléables. Nous souhaitions en dresser un portrait le plus juste possible en insistant sur ce que peuvent en faire les artistes en termes de production, d’œuvres et de sens », relate ce dernier.

Une belle vitalité
Le bilan de l’expérience se donne à voir comme une cohabitation de modes d’expression très variés qui réussit à éviter la cacophonie sans non plus donner à voir d’œuvres vraiment faibles.
Certaines pièces sont toniques, tel ce « sauna techno » imaginé par cinq artistes dans lequel il est possible de prendre un vrai bain de vapeur au son d’une musique électronique très rythmée, et qui change chaque semaine au gré des invitations lancées à des artistes programmateurs passionnés. D’autres sont techniques, quand Isabelle Sordage et Ludovic Lignon intègrent la création sonore à leur expérience de l’architecture. Est plus ludique l’improbable et rocambolesque histoire contée par la Fondation René d’Azur. Au final ressort l’expression d’une belle vitalité qui fait prendre conscience du rôle d’accompagnement joué par ces structures dans le paysage de l’art contemporain.

RUN RUN RUN

Organisation : Jean-Baptiste Ganne, Éric Mangion et Cédric Tesseire
Nombre de structures invitées : 22
Nombre d’artistes et collectifs : 120

RUN RUN RUN

Jusqu’au 30 décembre, Villa Arson, 20, av. Stephen-Liégeard, 06105 Nice, tél. 04 92 07 73 73, www.villa-arson.org, tlj sauf mardi 14h-18h, entrée libre

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°469 du 9 décembre 2016, avec le titre suivant : Pour les artistes, par les artistes

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque