Musique - Photographie

« Qui de nous deux ? »

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2016 - 452 mots

Le duo Martin Parr-Matthieu Chedid exposé en sons et en images à la Philharmonie de Paris séduit plus qu’il ne convainc.

PARIS - Associer Martin Parr à Matthieu Chedid ne va pas de soi. On ne s’était d’ailleurs jamais interrogé jusqu’à cette exposition sur le genre musical qui pouvait être accolé aux images du célèbre photographe anglais, devenue une véritable rock star de la photographie, voire une machine à produire des expositions à succès au rythme des demandes, commandes urbaines, festivals… Pas moins de dix solo shows lui ont été consacrés en 2016. C’est l’attention portée par l’auteur-compositeur-interprète aux photographies de Martin Parr qui a suscité le projet. Matthieu Chedid le raconte : « Mon intérêt est parti de l’exposition du Jeu de paume [“Planète Parr. La collection de Martin Parr”, 2009]. J’ai découvert son univers, mélange de dérision, d’humour et de tendresse sur nos sociétés et ses dérives. Une amie a pu organiser la rencontre. Je lui ai fait part de mon envie de travailler avec lui sans savoir sous quelle forme. Il était étonné, il ne me connaissait pas. »

Une pointe de douceur
Après s’être assuré que Matthieu Chedid était suffisament connu en France, avoir rappelé que faire ce travail aurait un coût, le pragmatique Martin Parr, séduit par l’univers qu’il découvrait, a accepté et finalement photographié gratuitement un concert à Bercy. Montré pour la première fois aux Rencontres d’Arles 2015 dans les espaces grandioses de l’église des Frères-Prêcheurs, leur dialogue se découpait en neuf environnements sonores distincts où chaque instrument, basse, guitare électrique, percussion, piano, synthétiseur… correspondait à une thématique de l’œuvre présentée au travers de diaporamas, de tirages contrecollés ou de tirages d’époque. Ainsi des noirs et blancs de ses débuts, prémices discrètes de la vision décalée mais déjà sociétale de Martin Parr sur ses contemporains avant que celle-ci ne prenne des couleurs vives, ne s’attache aux détails et n’adopte ce ton cru, mélange d’ironie, de critique acerbe où pointe parfois une note de tendresse sur la condition humaine ou animale.

Entre Arles et la Philharmonie de Paris, l’exposition s’est densifiée et a amplifié les résonances entre ses parties. Si l’on ne peut nier l’alchimie des pièces sonores avec les images, les unes n’apportent véritablement rien aux autres, si ce n’est une pointe de douceur à une vision corrosive. L’ensemble est loin de créer une exposition mémorable. Ses programmateurs cependant ne s’y sont pas trompés. Le public adhère, fait la queue pour écouter la conversation entre Matthieu Chedid et Martin Parr, aux propos pourtant non traduits en français malgré l’année écoulée entre Arles et Paris !

Chedid-Parr

Commissaires : Matthieu Chedid ; Martin Parr ; Sam Stourdzé, directeur des Rencontres d’Arles
Nombre d’œuvres : environ 500 photographies

MMM. Mathieu Chedid rencontre Martin Parr

Musée de la musique-Cité de la musique, 221, av. Jean-Jaurès, 75019 Paris, tél. 01 44 84 44 84, www.philarmoniedeparis.fr, tlj sauf lundi 12h-18h, samedi-dimanche 10h-18h, entrée 7 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°467 du 11 novembre 2016, avec le titre suivant : « Qui de nous deux ? »

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