Iconologie

La légende dorée de Martin de Tours

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 25 octobre 2016 - 561 mots

Loin de se limiter aux collections locales, le Musée des beaux-arts de Tours a mobilisé de beaux prêts européens pour exposer la figure du saint devenu l’emblème de la ville.

TOURS - Le Musée des beaux-arts de Tours semble avoir hésité sur la manière d’aborder saint Martin de Tours, importante figure locale, pour célébrer le 1 700 e anniversaire de sa naissance. Si Martin est né en Hongrie en 316 et a grandi en Italie, où il est enrôlé de force comme soldat, c’est en Gaule qu’il se convertit au christianisme. Il quitte l’armée romaine et participe à la fondation du premier monastère de Gaule à Ligugé, en Poitou, avant de devenir évêque de Tours en 371, où il marque durablement le paysage tourangeau. « C’est la dévotion rendue à Martin qui fut à l’origine de la topographie bipolaire de Tours : à l’est, la cité où s’élève la cathédrale ; à l’ouest, la basilique érigée sur son tombeau et autour de laquelle fut constitué le bourg de Saint-Martin, enclos au Xe siècle », explique un panneau introductif. Mais la figure de Martin a aussi fortement marqué l’art occidental. Il suffit de penser à l’impressionnant cycle de fresques que lui a consacré Simone Martini à Assises pour mesurer l’influence du saint, qui ne fut pas martyr, mais dont les actions de charité ont été racontées par son disciple, Sulpice Sévère, avant d’être reprises au XIIIe siècle dans la célèbre Légende dorée de Jacques de Voragine.

Deux approches

Comment présenter saint Martin ? Au travers des témoignages que sa présence a laissés dans la ville de Tours ? Ou par le prisme des représentations artistiques qui ont été faites de la vie du saint dans l’Europe entière ? L’institution a choisi de traiter ces deux aspects du personnage, en deux parties bien distinctes. Sans surprise, la partie locale – qui présente notamment des restes archéologiques de la basilique Saint-Martin ou de l’abbaye de Marmoutier fondée par Martin – est exhaustive. Mais la partie européenne n’en est pas moins fournie et abrite de beaux prêts français, italiens, espagnols, belges… pour rendre compte de l’iconographie martinienne. Le Musée national d’art de Catalogne de Barcelone a prêté un panneau (vers 1450) de Blasco de Grañén, dont les lignes courtoises témoignent du gothique international. Le Louvre a concédé un chef-d’œuvre de la peinture siennoise du XIVe siècle, un très contemplatif Lippo Memmi, tandis que la Galleria dell’Accademia de Florence a livré un tableau très épuré de Lorenzo di Bicci (vers 1380-1385). Sur chacune de ces trois œuvres est figurée la même scène, celle de la « première charité », sans conteste le moment le plus représenté de la vie d’un Martin encore soldat. Juché sur un cheval, ce dernier tranche d’un coup d’épée la moitié de son manteau pour l’offrir à un pauvre homme. Si la sélection n’est pas exempte de chefs-d’œuvre plus tardifs (à noter une superbe toile de Bassano émanant du Musei Civici de Bassano del Grappa), la commissaire générale Sophie Join-Lambert n’en déplore pas moins de ne pas avoir obtenu le prêt de l’imposante Charité de Saint Martin de Van Dyck (de l’église Saint-Martin de Zaventem) dont s’inspire l’œuvre de Jacques Van Oost Le Vieux (du Groeningemuseum de Bruges) en bonne place sur les cimaises. Mais une exposition satisfait rarement tous les désirs et est celle-ci est déjà très bien dotée.

MARTIN DE TOURS

Commissariat général : Sophie Join-Lambert, conservateur en chef du patrimoine, directrice du Musée des beaux-arts de Tours
Nombre d’œuvres : 120

Martin de Tours, Le rayonnement de la cité

jusqu’au 8 janvier 2017, Musée des beaux-arts de Tours, 37000 tours, www.mba.tours.fr, tél. 02 47 05 68 73, tlj sauf mardi, 9h-12h45 et de 14h à 18h, entrée 6 €. Catalogue 35 €.

Légende Photo :
Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Perugin, Saint Martin, début XVIe siècle, huile sur bois, Musée du Louvre, Paris. © Photo : RMN (Musée du Louvre)/Daniel Arnaudet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°466 du 28 octobre 2016, avec le titre suivant : La légende dorée de Martin de Tours

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