Concentration des galeries

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 11 octobre 2016 - 319 mots

Jusqu’à présent, les galeries avaient échappé à la concentration en cours dans d’autres secteurs de la distribution comme l’alimentaire, la parfumerie, la mode. Le métier de galeriste est un métier de distribution – un peu particulier certes –, mais de distribution quand même. Mais  la mondialisation et l’intérêt des collectionneurs fortunés pour l’art contemporain ont changé les règles du jeu. D’un côté les galeries doivent être présentes dans les places fortes de l’art de la planète pour promouvoir leurs artistes ; de l’autre les collectionneurs sont sensibles à une enseigne-label, qui est un gage de qualité pour un achat plus insécurisant qu’une voiture de luxe (pourquoi cette œuvre vaut 100 000 euros et pas 10 000 ?). Par ailleurs, les capitaux à mobiliser pour participer aux foires, communiquer, soigner la relation avec ses clients et ses artistes... ont pris une telle ampleur qu’un changement d’échelle s’impose. D’où la constitution de galeries à succursales, de Gagosian à Hauser & Wirth en passant par Tornabuoni ou Perrotin. La moitié des quarante plus importantes galeries d’art contemporain installées en France, dont nous publions le classement dans ce numéro, ont aussi leur enseigne dans plusieurs pays. Ce sont les galeries de taille moyenne qui occupent le positionnement le plus inconfortable. Confrontées à la concurrence des grosses structures, elles doivent se développer pour se maintenir à flot. À l’autre bout du spectre, il y aura toujours des petites structures, mais avec un turnover important, car les coûts d’installation sont réduits pour se lancer dans le métier : un local dans un quartier pas trop cher, une stagiaire pour tenir la boutique et un galeriste qui se paie lorsqu’il a vendu. Le comité professionnel des galeries d’art, dont nous publions une enquête instructive sur le soutien des artistes en Europe, gagnerait à commander aussi un rapport sur le devenir de la profession de galeriste car, in fine, il en va du rayonnement des artistes français.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°465 du 14 octobre 2016, avec le titre suivant : Concentration des galeries

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