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Crue

Les musées à l’épreuve des inondations

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 7 juin 2016 - 732 mots

Premier bilan des inondations qui ont épargné le patrimoine parisien mais durement éprouvé musées et châteaux du Centre-Val-de-Loire.

PARIS, CENTRE-VAL DE LOIRE  -  Alors que nous mettons sous presse, la décrue de la Seine est en cours à Paris. Pour les musées et monuments, c’est l’heure de dresser un premier bilan des dégâts qu’ils ont subis ou évités durant les crues exceptionnelles qui ont touché plusieurs cours d’eaux (le Loing, la Seine, la Sauldre, la Loire…) début juin. À Paris, tous les regards étaient rivés sur la Seine, dont le niveau ne s’est heureusement pas hissé au-dessus de 6 mètres 10 (contre 8,62 m lors de la crue historique de 1910).

Face à la montée des eaux, les musées bordant le fleuve ne partageaient pas tous les mêmes craintes. Le Quai Branly était plutôt serein, son bâtiment moderne étant protégé contre les risques de submersion d’une crue s’élevant jusqu’à 8,92 m. Le Louvre avait en revanche de vrais motifs d’inquiétude, un grand nombre de ses œuvres étant situées en zone inondable, au cœur des parties enterrées du bâtiment – environ 152 000 dans les réserves et entre 6 000 et 7 000 dans les espaces d’exposition. Le département des arts de l’Islam, inauguré dans l’entresol en 2012, a rapidement fermé ses portes pour entreprendre un déménagement de ses collections. Trois jours durant, les objets ont été montés dans les étages supérieurs… avant de redescendre à leur place à partir du lundi 6 juin. Le Musée d’Orsay – dont l’essentiel des œuvres est placé dans des réserves extérieures, contrairement au Louvre – a procédé de même, déménageant quelque 7 000 pièces situées en sous-sol. Par mesure de précaution, plusieurs musées et monuments de la capitale ont choisi de fermer leurs portes. Le Louvre, Orsay, l’Orangerie, Notre-Dame de Paris, le Grand Palais, le Palais de la découverte… ont fermé durant un ou plusieurs jours, tout comme la Conciergerie qui a subi des infiltrations inquiétantes pour ses réseaux électriques.

Des dégâts dans le Centre-Val-de-Loire
Si Paris est passée à côté de la catastrophe, les intempéries se sont montrées ravageuses pour le patrimoine de la région Centre-Val-de-Loire. La crue du Loing, qui a dépassé le niveau de celle de 1910, a rapidement entraîné le débordement du canal de Briare qui est venu submerger les réserves provisoires du Musée Girodet, dans la commune de Montargis (Loiret). Le musée étant en rénovation, toutes les œuvres qu’abrite l’institution avaient été placées dans un ancien coffre-fort, à deux pas du musée et du canal. « Il est à noter que ces réserves temporaires étaient bien plus adaptées que celles du musée pour la conservation des œuvres en ce qui concerne le taux d’hygrométrie », observe Claire Hansen-Beales, chargée du développement des publics, précisant cependant que les lieux souffraient d’un « défaut d’étanchéité ». Le personnel n’a eu que 2 heures et demie pour sortir des réserves une partie des œuvres, principalement signées de la main du peintre Anne Louis Girodet, et a été contraint par les pompiers d’abandonner le reste à la montée des eaux.

Après pompage, le bilan des dégâts s’est révélé lourd : plusieurs centaines de pièces ont été immergées et dégradées, plus ou moins légèrement, par les eaux et les chocs causés par le flux. Une équipe de restaurateurs s’est rapidement rendue à leur chevet, pour procéder au séchage et autres premiers soins. Un appel aux dons a été lancé en ligne (1) pour en effectuer au plus vite la restauration. Le Musée de Sologne, à Romorantin-Lanthenay (Loir-et-Cher) a lui aussi été victime de la montée des eaux de la Sauldre. Le rez-de-chaussée, dévasté, nécessitera d’importants travaux, mais aucune collection n’a été endommagée, « à l’exception d’une œuvre d’un artiste local sans grande valeur, explique la directrice du musée, Martine Vallon. Nous sommes habitués aux inondations, nos œuvres sont donc toutes placées dans les étages. »

Les châteaux de la Loire n’ont pas été épargnés. Le château de Chambord (Loir-et-Cher) a été encerclé par les eaux. Si le bâtiment principal est intact, le mur d’enceinte a été ébréché, des allées forestières ont été arrachées… Le château de Fougères-sur-Bièvre (Loir-et-Cher) a vu quant à lui son rez-de-chaussée inondé. Aucune collection n’a été endommagée, mais les installations électriques ont souffert. Son parc a également  été dévasté tout comme celui d’Azay-le-Rideau (Indre-et-Loire), qui avait fait en 2014 l’objet d’une minutieuse restauration. La recension des dégâts se poursuit.

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Les salles des collections permanentes du Louvre où ont été entreposées les oeuvres conservées dans les réserves inondables © Photo Margot Boutges

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°459 du 10 juin 2016, avec le titre suivant : Les musées à l’épreuve des inondations

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