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Skira mise sur Paris

Après avoir réduit la voilure pendant deux ans, l’éditeur d’art italien réinvestit son bureau parisien pour en faire sa vitrine internationale.

La filiale française de Skira, grand éditeur d’art fondé en Suisse, mais installé en Italie depuis vingt ans, était en joint-venture avec Flammarion depuis 2008. Le rachat de Flammarion par Gallimard, fin 2012, avait laissé cette maison historique dans l’incertitude. Après avoir racheté ses parts en 2015 à Gallimard, Skira réinvestit son bureau parisien pour relancer l’activité : si aujourd’hui on compte à peine une dizaine de nouveautés publiées par an, pour un chiffre d’affaires de 1 million d’euros en 2014, l’éditeur compte atteindre rapidement son niveau historique d’une trentaine de sorties annuelles. L’équipe actuelle, de huit à dix personnes, devrait ainsi s’étoffer dans les années à venir.
Peu de maisons d’édition ont une histoire aussi intimement liée à celle de l’art moderne et contemporain. Depuis 1928 et la création par Albert Skira de sa société éponyme à Lausanne, l’éditeur accompagne les grandes expositions et les grands artistes. Depuis les Métamorphoses d’Ovide illustrées par Picasso, qui marque le premier grand coup éditorial du fondateur, jusqu’à la dernière monographie de François Morellet, Skira (qui reste distribué par Flammarion en France) a assis sa légitimité sur le caractère pionnier de la couleur.

Le « premier » éditeur d’art
Comme le rappelle Nathalie Prat-Couadau, directrice du bureau parisien depuis septembre 2015, « Albert Skira a été le premier à intégrer des images en couleur à ses éditions sur les artistes. Il a fondé son succès sur l’amitié que lui portaient les artistes, dont les œuvres se trouvaient enfin accessibles et correctement reproduites. En réalité, c’est le premier éditeur d’art, dans l’acception contemporaine du mot. » L’éditeur a publié un grand nombre de catalogues raisonnés, devenant une référence européenne dans le domaine. Un chiffre donne une idée de la place particulière occupée par l’éditeur dans le secteur artistique : depuis 1994, le Journal des Arts a commenté plus d’une centaine d’expositions dont le catalogue était publié aux éditions Skira.

La maison a aussi pour particularité de traduire et d’éditer elle-même les traductions de ses ouvrages. À cet égard, le déménagement de l’antenne parisienne à l’automne dernier épouse la nouvelle stratégie du groupe. « Nous souhaitons que Paris devienne notre tête de pont vers l’international (davantage que le siège de Milan, ndlr). Les liens que nous entretenons avec les grandes institutions parisiennes nous y engagent, autant que la place persistante de Paris sur le marché de l’art », explique Nathalie Prat-Couadau, qui a notamment travaillé au sein de la galerie Enrico Navarra. Parmi ces hauts lieux parisiens, le Musée d’Orsay a toujours figuré en bonne place, a fortiori avec la présence de Teresa Cremisi, ancienne dirigeante de Flammarion, au conseil d’administration du musée. En Italie, Skira est aussi producteur d’expositions et le Musée d’Orsay a déjà été l’étape parisienne de plusieurs d’entre elles. Le catalogue de l’exposition « Spectaculaire second Empire », qui ouvrira en septembre, sera d’ailleurs une des sorties phares de l’année, aux côtés du « Surréalisme en Égypte », présenté au même moment au Centre Pompidou. Prélude à son ouverture de Porquerolles, le collectionneur Édouard Carmignac publiera aussi sa collection chez Skira, en fin d’année.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°458 du 27 mai 2016, avec le titre suivant : Skira mise sur Paris

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