Océanie

Des aborigènes à l’étroit sur le Rocher

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 24 mai 2016 - 492 mots

L’exposition Taba Naba du Musée océanographique de Monaco met à l’honneur les arts d’Australie et d’Océanie, mais peine à délivrer le message écologique de ces peuples.

MONACO - Trois crabes de couleurs en aluminium ont été accrochés à la monumentale façade nord du musée. Ces crabes de palétuviers géants, dus à l’artiste Brian Robinson, semblent un peu désorientés. À l’image des visiteurs de « Taba Naba » naviguant à vue entre les différents espaces de l’exposition, à l’extérieur et à l’intérieur du palais. « Taba Naba », titre d’une chanson enfantine traditionnelle des indigènes du détroit de Torres, sur la côte nord de l’Australie, est une invitation joyeuse à prendre la mer. Si vous embarquez, n’oubliez pas de vous munir de votre guide de visite.
« D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? », s’interroge, perplexe, la dizaine de sculptures anthropomorphes Bagu de cinq mètres de hauteur plantée aux pieds du palais, à quelques mètres de l’entrée du temple de la mer.

Alerte à la pollution des océans
L’exposition cherche à « présenter l’art des populations qui sont restées en contact avec la nature, qui dialoguent avec elle et vivent au contact de l’océan », explique Robert Calcagno, le directeur général de l’Institut océanographique. Taba Naba est organisée en trois volets qui ont été confiés, chacun, à des commissaires différents. Le premier, conçu par Stéphane Jacob et Suzanne O’Connell, tous deux experts et galeristes spécialisés dans l’art aborigène et les arts d’Australie, est le plus réussi. En témoigne l’installation baptisée Ocean life accrochée, au-dessus des visiteurs, dans le salon d’honneur du musée. Elle se compose d’une trentaine de gracieuses et délicates sculptures multicolores représentant des poissons, crocodiles, requins et autres tortues de mer. Elles ont été exécutées à l’aide de filets de pêche abandonnés, ces filets fantômes dans lesquels les espèces marines se trouvent piégées. Conçues pour sensibiliser les populations aux conséquences graves de ces pollutions qui perturbent les écosystèmes marins, ces œuvres ont été réalisées par des artistes de trois centres d’art disséminés dans le Queensland et en Australie méridionale. Les visiteurs peuvent suivre, sur des écrans plasma, le processus de création et écouter les explications des protagonistes.

Au premier étage du musée, c’est Didier Zanette, un ancien banquier devenu expert en art océanien et galeriste, qui prend le relais, avant de céder le témoin à la commissaire indépendante Erica Izett. Au programme dans le salon Océanomania : proues de pirogues, pagaies sculptées, dagues effilées et masques et sculptures Baining en tapas de Papouasie-Nouvelle Guinée et de Mélanésie. Dans le salon Albert Ier, place à une sélection de peintures contemporaines aborigènes. Les pièces ethnographiques et les peintures sont de qualité, mais le fil rouge de l’exposition, le message écologique  de ces peuples premiers,  semble avoir été un peu oublié au fil du parcours. Où sont passés les cartels explicatifs ? Quid du pas de deux entre arts et sciences dont le musée océanographique de Monaco s’est fait une spécialité ?

TABA NABA, Australie

Océanie, arts des peuples de la mer, jusqu’au 30 septembre

Musée océanographique de Monaco, avenue saint-Martin, 98000 Monaco

Tous les jours, sauf les 28, 29 mai et 25 décembre, 10h-19h, en juillet et août 9h30-20h

www.oceano.org

tel. 377 93 15 36 00.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°458 du 27 mai 2016, avec le titre suivant : Des aborigènes à l’étroit sur le Rocher

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