XVIe

Maniérisme, une belle exposition d’antiquaire

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 27 avril 2016 - 521 mots

La galerie Antoine Tarantino invite à redécouvrir le courant maniériste italien, longtemps délaissé, à travers des dessins et quelques tableaux.

PARIS - En moins d’un an, Antoine Tarantino, spécialisé dans la peinture italienne, a relevé le défi de rassembler une trentaine d’œuvres issues du XVIe siècle italien et rattachées tant au maniérisme de la première heure, qu’au maniérisme tardif. Redécouvert il y a quelques décennies, ce courant a été longtemps ignoré, considéré par certains comme une « prolongation dégénérée de la Renaissance ». Aussi, seuls quelques artistes y étaient associés, comme Rosso Fiorentino, Jacopo da Pontormo, Francesco Salviati ou encore Vasari.

Depuis, des études ont permis d’en cerner les contours et les caractéristiques multiples. « Maniérisme signifie “à la manière” de Raphaël et Michel-Ange. Les maniéristes veulent perpétuer la tradition instaurée par ces deux artistes qui recherchaient la perfection. Mais en devenant purement formel, le mouvement va s’essouffler », explique le marchand. Proportions exagérées, compositions artificielles, figures contorsionnées ou encore élongation des personnages et gestes affectés sont les caractéristiques de ce courant. Or, « en déformant de plus en plus la forme, ces figures n’ont plus rien à voir avec la nature », note le galeriste. S’appuyant sur un catalogue réalisé pour l’occasion, l’exposition présente trente-trois œuvres, essentiellement des dessins, dont quatre tableaux. Pour les dessins, les prix débutent à 2 500 euros, avec une moyenne de 15 000 à 30 000 euros, alors qu’ils s’échelonnent de 60 000 à 600 000 euros pour les œuvres peintes.

Focus sur Baroccci
Dans un premier temps, l’exposition évoque les artistes de la première heure du maniérisme, tels que Polidoro da Caravaggio (1499-1543), avec Études de personnages, un dessin à la plume très spontané ; Raffaello da Montelupo, dont les dessins sont caractérisés par des hachures montantes et descendantes du fait de son ambidextérité, comme dans Polyphème ou encore Jacopino del Conte, dont le dessin Mariage mystique de sainte Catherine de Sienne, avec l’élongation des personnages, est tout à fait représentatif du style en question.

Dans un second temps, l’exposition se concentre sur Federico Barocci et ses suiveurs. Parmi l’accrochage figure Étude d’homme lisant, vers 1605 (huile sur toile), de Barocci, provenant de la collection du cardinal Barberini, et que le professeur Emiliani, spécialiste de l’artiste, inclura dans son prochain ouvrage. « Barocci prépare le terrain au Baroque. Les Carrache lui doivent d’ailleurs beaucoup », souligne Antoine Tarantino. Les suiveurs du maître, élèves ou influencés par lui sont Andrea Lilio d’Ancona, dont l’aquarelle sur vélin Saint François et saint Jacques, « est déjà vendue et aurait pu l’être cent fois », glisse le marchand, et Filippo Bellini avec Le repas à Emmaüs, dessin préparatoire du tableau de la cathédrale de Macerata ou encore Alessandro Casolani et Antonio Viviani.

Quant au maniérisme tardif, il est représenté par : Trometta avec Vierge à l’Enfant dans une gloire d’anges, dessin préparatoire à la fresque du chœur de Santa Maria in Aracoeli à Rome ; La Pentecôte par Muziano, grand modello pour un tableau conservé au Vatican et le Cavalier d’Arpin avec Dieu le Père, première étude pour la mosaïque de la coupole de la basilique Saint-Pierre au Vatican.

L’art et la manière

Jusqu’au 27 mai, Galerie Antoine Tarantino, 38, rue Saint-Georges, 75009 Paris, www.galerietarantino.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°456 du 29 avril 2016, avec le titre suivant : Maniérisme, une belle exposition d’antiquaire

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