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Drawing Now : les raisons d’un succès

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 13 avril 2016 - 790 mots

Pour ses 10 ans, le Salon du dessin contemporain a offert une belle édition. Retour sur les dix motifs qui incitent maintenant chaque année à sa visite.

PARIS - Drawing Now, feu le Salon du dessin contemporain, a fêté son anniversaire de belle façon du 30 mars au 3 avril au Carreau du Temple. Il est long le chemin parcouru depuis les premières éditions itinérantes, où le salon avait créé l’événement en changeant de lieu chaque année. Alors, pour fêter ses 10 ans, voici 10 bonnes raisons de fréquenter le salon.

Numéro un : les organisateurs sont manifestement de vrais amateurs d’art, qui défendent depuis leurs débuts un pan délaissé par d’autres : le dessin contemporain, et ce sous toutes ses formes. Aussi le salon a-t-il sans doute participé à changer le regard sur la discipline. « Il n’y a plus à se justifier aujourd’hui à propos des approches différentes du dessin que nous proposons », indique Jeanne Lépine (Galerie de Roussan, Paris). « Le dessin a gagné ses lettres de noblesse », confirme la galeriste Isabelle Gounod, attentive à ce que le public ne heurte pas les multiples plaques de verre gravé de Lenny Rébéré, une référence manifeste à Muybridge, au centre d’un stand où trônait aussi le nouvel entrant de la galerie, Glen Baxter, toujours aussi caustique.

Car la raison numéro deux est qu’à Drawing Now on s’amuse, chez Semiose (Paris) en particulier, qui alignait sur des cimaises du pire mauvais goût des œuvres pourtant du meilleur goût : Hippolyte Hentgen ou Julien Tiberi. Le seul regret du galeriste ? Que ses assistants ne lui aient pas permis d’« installer un rayon de perles » façon boucherie de province sur son stand où les prix allaient de 700 à 20 000 euros. Car en troisième lieu, tous les prix se pratiquent à Drawing Now, à l’adresse du néophyte comme du collectionneur huppé, des montants à partir d’un zéro jusqu’à plus de quatre zéros.

Ensuite, la foire est à taille humaine, accueillant ses visiteurs avec soin, comme s’il s’agissait d’une histoire de famille. Et c’est peut-être là le secret de sa longévité, dans un marché où les hypermarchés de l’art tels que la Fiac ou Art Basel visent l’expansion planétaire parfois au détriment de la qualité, le clinquant plus que la découverte. Quand les enjeux économiques sont trop importants, on ne prend plus de risque.

Une découverte permise
C’est là le cinquième motif : à Drawing Now, la découverte est permise, et ce au sein des grandes galeries comme des petites. Chez Lelong (Paris), ce sont les superbes papiers découpés de Jane Hammond, dont le travail « sort du dessin graphite sur papier grâce à ses découpes d’images chinées dans des magazines et reliées entre elles par un tissu de référence », indique le galeriste. À ses côtés, Etel Adnan, « écrivain mais avant tout poète », ou des peintures de Marc Desgrandchamps, entré à la galerie avec le mercato de la rentrée. Chez Odile Ouizeman (Paris), c’est le focus consacré à Iris Levasseur, très bien exposé, que l’on découvre. « Un travail engagé, politique à propos de l’effacement de la mémoire », pointe la galeriste qui montrait notamment les plaques à la mémoire d’Ilan Halimi [victime du « gang des barbares », NDLR], lesquelles tombent petit à petit en morceaux.

La sixième raison tient à la conception d’un art contemporain divers, où l’on côtoie aussi bien la superbe série de dessins de Werner Büttner chez Eva Meyer (Paris), accessible à 4 500 euros, les dernières œuvres de Gilles Aillaud (Loevenbruck, Paris), les découpages de Nanne Meyer ou un beau focus sur Renée Lévi chez Bernard Jordan (Berlin), sans oublier Daniel Otero Torres chez Marine Veilleux (Paris).
Enfin, la foire et son équipe sont à l’écoute des galeristes autant que des visiteurs. Surtout, les ventes résistent dans un marché qui commence à s’effriter, et c’est là le huitième motif de visite. Si certains relevaient « peu d’effervescence », la Galerie de Roussan notait une véritable « épidémie de variole », selon Anne Bourgois – une référence aux points rouges signalant des ventes sur ses fiches –, concernant notamment Claire Trotignon. Bernard Jordan, enregistrait, lui des « records de ventes » malgré des débuts un peu mous.

La raison numéro neuf ? La foire reste perfectible. On regrette ainsi la présence de quelques galeries très moyennes, et un logo toujours aussi peu flatteur.

Vivement l’an prochain, se dit-on en guise de raison numéro 10. Drawing Now se désolidarisera d’Art Paris, qui se tient une semaine avant, mais restera organisée en parallèle au Salon du Dessin ancien à la Bourse, offrant ainsi  plus de temps à la visite. Une date que devraient suivre également les différentes maisons de ventes aux enchères.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°455 du 15 avril 2016, avec le titre suivant : Drawing Now : les raisons d’un succès

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