Paris

L’hôtel de Coulanges réinventé

Le Journal des Arts

Le 15 mars 2016 - 733 mots

L’hôtel particulier est l’un des projets de « Réinventer Paris »,
la Maison de l’Europe va faire place à la mode.

PARIS - C’est un discret portique dans la rue des Francs-Bourgeois, au cœur du Marais : derrière une porte bleue, l’hôtel de Coulanges abrite depuis la fin des années 1970 la Maison de l’Europe et certains services de la Ville de Paris. Dans le cadre de l’appel à projets « Réinventer Paris », l’édifice est appelé à devenir un « lieu d’un genre nouveau, révélateur de talents, accélérateur de projets et créateur de lien social », selon le dossier de candidature de l’équipe lauréate, le Collectif Coulanges.

Racheté en 1972 par la Ville de Paris, l’hôtel de Coulanges a été édifié au XVIIe siècle, avant d’être largement remanié au XVIIIe siècle. Il a été habité par la marquise de Sévigné dans ses jeunes années, puis est passé entre les mains de propriétaires successifs. Le bâtiment est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques en 1926, avant d’être inscrit en totalité après une campagne de sauvegarde, échappant de peu à la démolition dans les années 1960. En 1978, après travaux de rénovation, la Maison de l’Europe s’y installe, en même temps que les services municipaux. Depuis soixante ans, la Maison de l’Europe est « une association qui informe les citoyens sur l’Union européenne, à travers des débats, des conférences, la mise en place de clubs étudiants et l’organisation de la Fête de l’Europe chaque année », explique sa directrice, Ursula Serafin. « Courant 2017, nous déménagerons, la municipalité nous trouvera une relocalisation », indique la directrice de l’association qui compte neuf salariés.

Défilés et « coworking »
Le cahier des charges de l’hôtel de Coulanges, publié en 2014 dans le cadre de l’appel à projets, prévoyait une programmation libre sur une surface de plus de 2 000 m2. À une « Villa des arts et de la gastronomie », le jury a préféré le projet du Collectif Coulanges, porté par l’homme d’affaires Patrick Hazan associé au promoteur Beacon Capital Partner France. Dans le programme, les quatre niveaux du bâtiment seront consacrés aux métiers de la création et de la mode, sous trois aspects : un espace « hub » modulable pour des showrooms, défilés et ateliers ; un espace de « coworking » et une surface dévolue à des « pop-up stores » – des boutiques éphémères –, ainsi qu’un partenariat avec l’École supérieure des arts appliqués Duperré.

Sur le plan architectural, deux cabinets sont associés, Sahuc & Katchoura et François Chatillon Architecte (également architecte en chef des Monuments historiques). Si l’escalier d’honneur est préservé, le projet ouvre de nouvelles circulations verticales, ascenseurs et escaliers. Le Collectif souhaite « préserver intégralement l’espace de la cour » et les volumes du bâtiment. « Si les études historiques le confirment, [il propose] de restituer les baies vitrées d’origine » sur la façade de la rue des Francs-Bourgeois, soit quatre larges fenêtres au premier étage. La volonté affichée semble être de ne pas toucher au bâti existant, sachant que le cahier des charges de la Ville de Paris mentionne des travaux nécessaires sur le clos et le couvert et qu’aucune estimation du coût de l’opération n’a pour l’instant filtré.

« Philanthro-Lab »
De l’autre côté de la Seine, un deuxième bâtiment historique a également été l’objet de l’appel « Réinventer Paris » : au 15 de la rue de la Bûcherie (5e arr.), l’ancienne faculté de médecine de Paris, dont la rotonde est classée au titre des monuments historiques, deviendra courant 2018 le « Philanthro-Lab », conçu par l’agence Perrot & Richard et la Compagnie de Phalsbourg. Là encore, « coworking » et espaces pour la jeune création, avec une volonté de mettre en lien mécènes, porteurs de projets, associations et bénévoles. Deux restaurants gérés par l’association de réinsertion professionnelle Cuisine mode d’emploi(s), sous l’égide du chef Thierry Marx, complètent la programmation. Aujourd’hui, le bâtiment accueille les bureaux de l’Association pour la gestion des œuvres sociales des personnels des administrations parisiennes, qui laissera libres courant 2017 près de 1 850 mètres carrés de surface.

Les deux projets comptent dans leurs rangs des architectes en chef des Monuments historiques et mettent en avant un espace maintenu ouvert au public bien que passant aux mains de gestionnaires privés. Au total, les 22 sites de « Réinventer Paris » devraient rapporter plus de 500 millions d’euros à la Ville de Paris.

Légende photo

Projet de développement de l'hôtel de Coulanges dans le cadre de « Réinventer Paris ». © Collectif Coulanges.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : L’hôtel de Coulanges réinventé

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