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L’esthétisme de Bischof

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 1 mars 2016 - 439 mots

Pour le centenaire de la naissance du photographe Werner Bischof, L’Élysée retrace son parcours engagé et humaniste.

LAUSANNE - Le thème des deux parties de la rétrospective Werner Bischof (1916-1954) ne saute pas aux yeux. Leurs  sous-titres,« Point de Vue » et « Helvetica », brouillent d’ailleurs l’intention du propos : celle de parcourir l’œuvre du photographe suisse qui fut le premier en 1948 à incorporer l’agence Magnum, fondée un an plus tôt. Produite par le bureau parisien de l’agence à partir des archives du Werner Bischof Estate à Zürich, « Point de vue » couvre les travaux du photographe suisse de 1934 jusqu’à sa mort, le 16 mai 1954 dans un accident de voiture au Pérou, tandis que « Helvetica » produite par le Musée de l’Élysée se focalise sur les années de formation en Suisse, durant lesquelles le photographe passe du studio au reportage à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Il faut accéder à la deuxième partie, consacrée aux années 1933 à 1948, pour comprendre l’articulation de l’ensemble. Il est conseillé à cet égard de commencer par cette dernière pour mieux appréhender l’évolution du travail et le positionnement du photographe vis-à-vis de la photo. De fait, le parti pris d’entamer le cheminement par la fin – c’est-à-dire par son voyage aux États-Unis, puis en Amérique Latine – désoriente, bien que l’attention soit captée par des photographies en couleur inédites élargissant le point de vue sur une œuvre connue pour ses images noir et blanc, notamment pour sa dernière image d’un enfant péruvien jouant de la flûte tout en marchant sur une route en terre.

La perfection formelle
La traditionnelle chronologie a souvent du bon, surtout quand les travaux réalisés entre 1934 et 1945 en Suisse, placés au cœur du dispositif scénographique, sont juxtaposés autour des sept reportages effectués à partir de 1945 dans des pays d’Europe ravagés par la guerre.

À travers les planches de tirages de travail – pensées comme une mise en forme de ses idées en images – ses vintages, un photoreportage après un voyage dans l’Allemagne en ruine qui le conduiront à documenter les ravages de la guerre, se dessinent les choix de Werner Bischof et le basculement de sa recherche de la perfection formelle dans la nature, les objets ou le corps. « Je viens de me libérer de ce corset étroit de ma propre autosatisfaction pour appartenir dorénavant à l’humanité », écrit-il à son père le 18 décembre 1947. Ce qu’il prouvera une nouvelle fois avec ses images réalisées en Inde, au Japon puis en Corée pour s’achever, un jour de mai, sur une route de Cuzco.

Werner Bischof, Point de vue et Helvetica

Jusqu’au 1er mai 2016, Musée de l’Élysée, 18 avenue de l’Élysée, Lausanne (Suisse), tél. 41 21 316 99 11, www.elysée.ch. mardi-dimanche 11h-18h, entrée 8 CHF (7 €). Catalogue « Cerner Bischof Helvetica », coéd. Musée de l’Élysée Lausanne et Les Éditions Noir sur Blanc, 148 p., 35 €.

Légende photo
Werner Bischof, Breast with grid, Zurich, Switzerland, 1941. © Werner Bischof/Magnum Photos.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°452 du 4 mars 2016, avec le titre suivant : L’esthétisme de Bischof

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