Un rapport de plus

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 2 février 2016 - 346 mots

L’Assemblée nationale vient de constituer une mission d’information sur le marché de l’art, présidée par Michel Herbillon (Les Républicains, Val-de-Marne) dont l’objet paraît à la fois large et flou. On comprend que les députés s’inquiètent « du déclin de la place de Paris », mais ils semblent aussi s’interroger sur « la transparence du marché de l’art » et « le lien possible avec des pratiques de blanchiment d’argent ». Depuis le rapport du sénateur Yann Gaillard en 1999, le Parlement et les gouvernements successifs ne cessent de commander des études sur le déclin du marché français. Citons pêle-mêle : le rapport Quemin (2001) pour le ministère des Affaires étrangères, le rapport Bethenod (2008) pour le ministère de la Culture, le rapport Jobbé-Duval (2008), le rapport du sénateur Plancade (2011)... Même la fondation Terra Nova vient d’apporter sa pierre à cette pile d’études. Ils partagent tous à peu près le même constat et proposent des solutions plus ou moins opérationnelles, dont au final bien peu sont mises en œuvre. Pourtant il est un domaine où le législateur, aiguillonné par d’habiles lobbyistes s’est démené : la libéralisation des ventes aux enchères, dont on nous a promis qu’elle allait faire rayonner la France. Eh bien qu’on en juge, alors qu’en 1997, le produit d’adjudication des commissaires-priseurs était de 1,295 milliard d’euros (son équivalent en euro), un peu moins de vingt ans plus tard, il est resté au même niveau (1,253 en 2014), soit une baisse de 25 % compte tenu de l’évolution du pouvoir d’achat du franc puis de l’euro. Entre-temps les deux Anglo-Saxonnes Christie’s et Sotheby’s se sont emparés d’un quart du marché français. La première a son siège à Londres et la seconde à New York, bien loin de la France. La mission d’information a prévu de faire un audit de la loi de 2011, qui avait libéralisé encore plus la loi de 2000. Pourtant ce n’est pas par la loi qu’on amènera les commissaires-priseurs à se regrouper pour acquérir la taille critique ou à transformer Drouot en une entreprise commerciale moderne avec un unique actionnaire.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°450 du 5 février 2016, avec le titre suivant : Un rapport de plus

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