XVIIIe

Magnasco, un peintre peu exposé en France

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 8 décembre 2015 - 472 mots

La Galerie Canesso se penche sur ses œuvres de maturité, prélude à une exposition à Gênes.

PARIS - La Galerie Canesso, spécialisée dans la peinture italienne du XVe au XVIIIe siècle, expose Alessandro Magnasco (1667-1749), peintre à l’œuvre originale très identifiable, redécouvert au début du XXe siècle. Celui-ci n’a jamais été exposé par une institution française, et c’est seulement sa 3e exposition organisée par une galerie en France après celles de 1914 et 1929. Son univers, étrange et fantastique – dans la veine du Greco (1541-1614) –, est parfois considéré comme précurseur de l’œuvre de Goya (1746-1828). Le Vol sacrilège, vision macabre, en est une parfaite illustration.
« Il s’agit d’une rétrospective destinée à montrer le travail de recherche et de mise en valeur d’un artiste par la galerie », explique Maurizio Canesso. Cependant, cette rétrospective se restreint à l’œuvre tardif du peintre, très prolifique durant sa longue carrière. « Nous mettons la barre haut et avons donc choisi la meilleure période, la plus aboutie », commente le marchand.

Vingt-deux tableaux sont présentés à Paris, mais vingt-quatre seront accrochés à Gênes au Palazzo Bianco (25 février-5 juin 2016). Sur ces vingt-deux œuvres, seules cinq sont à vendre parmi lesquelles les pendants Le Frère barbier et Frères capucins en pénitence (autour de 380 000 euros) ou La Résurrection de Lazare. Les autres, prêtées, viennent soit d’un musée, tel Divertissement dans un jardin d’Albaro, le testament artistique du peintre, conservé au Palazzo Bianco (Gênes) ; soit d’un collectionneur particulier possédant un tableau du peintre acquis par le passé à la Galerie Canesso, ainsi Le Catéchisme dans une église. La toile Les Funérailles juives, achetée par le Musée du Louvre, est aujourd’hui en dépôt perpétuel au Musée d’art et d’histoire du judaïsme, à Paris.

Retour à l’ordre
Magnasco livre une vision critique de la société de son temps. Il adhère à la réforme des ordres religieux qui souhaitent un retour à la règle stricte, connaissant certainement les textes de Muratori et de Migliorini qui prônent la pauvreté, la solitude, l’acceptation et le renoncement. C’est d’ailleurs la pauvreté imposée dans les couvents qu’il illustre dans Le Foyer (coll. Lapiccirella Brass) et La Bibliothèque du couvent (coll. part.). Plus tard, dans les années 1740, il dénonce clairement les abus de la vie oisive et mondaine des jeunes filles de l’aristocratie, religieuses recluses dans de luxueux couvents, comme dans Le Chocolat où une jeune Sœur boit du chocolat chaud dans un intérieur luxueux qui n’a plus rien à voir avec une cellule monacale.

Si les prix en ventes privées s’échelonnent entre 100 000 euros et 1 à 1,5 million d’euros, les 5 œuvres mises en vente à la galerie se négocient entre 120 000 et 400 000 euros. Le record en ventes publiques date de 1993 avec la Prédication des quakers, cédé à Milan 550 000 euros chez Finarte.

Alessandro Magnasco

Jusqu’au 31 janvier 2016, Galerie Canesso, 26, rue Laffitte, 75009 Paris, www.canesso.com, du lundi au vendredi 9h30-18h.

Légende photo
Alessandro Magnasco, Le Chocolat, vers 1740-1745, huile sur toile, 73 x 57 cm, collection particulière. Courtesy Galerie Canesso, Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°447 du 11 décembre 2015, avec le titre suivant : Magnasco, un peintre peu exposé en France

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