Photographie, un dictionnaire incomplet

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 25 novembre 2015 - 501 mots

La somme de savoirs précis renseignés dans cet ouvrage consacré à la photographie en fait un bon outil, malgré la sous-représentation des galeristes et des foires européennes.

Le Dictionnaire de la photographie dirigé par Nathalie Herschdorfer n’est pas le premier, mais il est le premier à avoir mobilisé autant d’experts internationaux de renom (150) et de chercheurs (80) pour l’établissement de ses entrées (1 200 au final retenues) et leur rédaction. Citons parmi les Français consultés : Quentin Bajac, Gabriel Bauret, Anne Biroleau-Lemagny, François Brunet, Anne Cartier-Bresson, Clément Chéroux, Régis Durand, Michel Frizot, André Gunthert, Gilles Mora, Michel Poivert, Laura Serani… Et parmi les rédacteurs intervenus côté français : Raphaële Bertho, Héloïse Conesa et Marie Gauthier. Autrement dit, que du beau monde pour un dictionnaire qui se veut exhaustif et fiable dans ses informations sur ses auteurs, dont près de 75 % des occurences incluent des écrivains ou poètes ayant une pratique de la photographie comme Émile Zola ou Michel Butor. Le panorama est large. Techniques, procédés, pratiques et usages de la photographie sont répertoriés, au même titre que les mouvements, missions, agences de presse, historiens, critiques, éditeurs, responsables d’institution, galeristes, festivals ou revues qui ont marqué l’histoire de la photographie jusqu’à nos jours.

Quelques imprécisions
Directrice du Musée des beaux-arts de Locle, Nathalie Herschdorfer qui fut aussi une des conservatrices du Musée de l’Élysée à Lausanne, porte le projet depuis quelques années. Le résultat, publié par les éditions Thames & Hudson et par La Martinière pour sa traduction en français, est un ouvrage de belle facture, parfaitement illustré et clair dans ses entrées, malgré des négligences dans le travail d’édition et des données quelque peu surprenantes, comme l’origine juive de Sarah Moon précisée et l’attribution à Robert Delpire de la création de la revue L’œil. Il en créa la formule visuelle et en fut le directeur artistique pendant huit ans.

Au-delà de son manque de précision parfois, ce dictionnaire s’avère un bon indicateur de ce que les experts sollicités retiennent de la scène française en dehors de ses auteurs fort bien représentés. Si au registre de ses grands penseurs ou historiens on retrouve Roland Barthes, Michel Frizot, Gilles Mora, Jean-François Chevrier, Georges Didi-Huberman ou André Rouillé (mais pas André Gunthert) et du côté des institutionnels Jean-Claude Lemagny et André Jammes dans la catégorie collectionneurs, côté galeriste français aucun nom n’apparaît. Seuls ont été retenus Julien Levy, Alfred Stieglitz, Helen Gee fondatrice de la galerie Limelight (1954-1961) et la galerie 291 créée en 1905 par Alfred Stieglitz et Edward Steichen. Certes ces enseignes toutes new-yorkaises sont des galeries historiques, les institutions américaines ayant bien avant les françaises reconnues la photographie comme un art. Mais cette absence, y compris pour les galeries allemandes, dénote encore une vision très américaine de l’histoire de la photographie. Les grandes foires de photo sont également les grandes oubliées de ce dictionnaire y compris dans la partie consacrée au marché de l’art. On peut le regretter, car elles font aussi partie de l’écriture de l’histoire de la photographie.

Dictionnaire de la photographie, sous la direction de Nathalie Herschdorfer, Éditions de La Martinière, 448 pages, 300 images, 75 €.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°446 du 27 novembre 2015, avec le titre suivant : Photographie, un dictionnaire incomplet

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