Galerie

Célébration

Une galerie inscrite dans la durée

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 24 novembre 2015 - 543 mots

PARIS

Pour son 90e anniversaire, la galerie Jeanne Bucher-Jaeger affirme ses choix fondateurs dans une exposition autour des cinq éléments.

PARIS - La galerie Jeanne Bucher-Jaeger fête cet automne son 90e anniversaire. Son patriarche, Jean-François Jaeger a eu 92 ans le 3 novembre et indique, pince-sans-rire : « Je ne fais que commencer ma vie ». Cela ne veut pas dire pour autant qu’il a commencé bambin. C’est en effet Jeanne Bucher qui a démarré la première galerie en 1925, au 3, rue du Cherche -Midi, dans la boutique de l’architecte et designer Pierre Chareau (1883-1950). Elle a ensuite ouvert son propre espace en 1929, au n° 5 de la même rue où elle restera jusqu’à fin 1935 avant de déménager au 9 ter boulevard du Montparnasse. Elle meurt en 1946 et c’est alors son petit-neveu, Jean-François Jaeger, tout juste âgé de 23 ans, qui reprend la galerie l’année suivante et s’installe dès 1960 au 53, rue de Seine, où il est encore aujourd’hui. Avec 68 ans d’activité au compteur, il est le doyen de la profession.

Dans son bureau, il a depuis cette époque, un magnifique faîte de case Amok de l’île Mallicolo (Nouvelles Hébrides) en racines de fougère arborescente. La pièce a été exposée en 1961 lors de l’exposition « Vingt sculptures monumentales d’art primitif de Nouvelle Guinée et des Nouvelles Hébrides ». En la voyant, Giacometti, emballé, dira : « C’est cela que je veux faire et je n’y arrive pas ». Il faisait lui-même partie des artistes (avec de Staël, Picasso…) de l’exposition inaugurale en 1960.

Des arts premiers à aujourd’hui
Il était donc logique que le faîte de case et le sculpteur soient présents dans cette triple exposition d’anniversaire. Commencée lors de la récente Fiac, au Grand Palais, elle se poursuit actuellement rue de Seine et rue de Saintonge, dans le nouvel Espace Marais que Véronique Jaeger (la directrice depuis 2003) a ouvert en 2008. L’ensemble, intitulé « Quinte-Essence », réunit une quarantaine d’artistes et est pensé autour des cinq éléments Air-Eau-Terre-Feu-Éther, « pour rappeler notre attachement, ainsi que celui de nos artistes à l’environnement et au développement durable », précise Véronique Jaeger.

L’accrochage fait ainsi se côtoyer des œuvres d’art premiers, d’artistes historiques et de plus jeunes que la galerie soutient aujourd’hui, comme Paul Wallach, Evi Keller, Fabienne Verdier. En outre, concernant ceux qui ont écrit l’histoire de cette enseigne, Jean-François Jaeger et sa fille ont tenu à montrer des œuvres qui à leur époque ont toutes été exposées à la galerie, comme La tête qui regarde de Giacometti, exposée la première fois 1929 ou Florence, rue d’Orchampt de Gérard Fromanger montrée en 1975.

La fourchette de prix, qui va de 2 500 euros pour un dessin de Hanns Schimansky à un peu plus d’1 million d’euros pour une toile de Dubuffet, est difficile à établir puisque bon nombre d’œuvres ne sont pas à vendre et de qualité muséale. Comme le rappelle Véronique Jaeger, l’esprit de la maison « n’a jamais été de vendre à tout prix, mais plutôt de se laisser le temps de placer les œuvres chez de vrais amateurs ». Un mode de fonctionnement et une éthique bien éloignés d’un certain marché de l’art, à la mode aujourd’hui.

Quinte-Essence

Nombre d’œuvres : 50
Prix : de 2 500 à environ 1 million d’€

Quinte-Essence

Jusqu’au 19 décembre, Galerie Jeanne Bucher Jaeger, Espace Marais, 5 et 7 rue de Saintonge, 75003 Paris, mardi-samedi 10h-19h ; et Espace Saint-Germain, 53 rue de Seine, 75006 Paris, mardi-samedi 10h-18h, tél. 01 42 72 60 42, www.jeannebucherjaeger.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°446 du 27 novembre 2015, avec le titre suivant : Une galerie inscrite dans la durée

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