The economy, stupid

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 27 octobre 2015 - 326 mots

Des critiques se font de plus en plus entendre sur le bien-fondé de la culture envisagée comme un levier de développement économique. Ces protestations viennent-elles des hôpitaux, des tribunaux, des écoles, des services sociaux qui voudraient récupérer une partie de cet argent public à leur profit au motif que la culture ne rapporte pas ou peu ? Non, ces critiques viennent de l’intérieur même du monde de la culture. Certes, il ne faut pas être dupe de ce qui relève de la posture flatteuse, on a plus de chance de se faire applaudir sur une tribune ou d’être publié dans Libération ou Le Monde, lorsque que l’on stigmatise la marchandisation de la culture et que l’on convoque « la quête de sens », « la pure gratuité de la création » ou le fameux « vivre ensemble ». Bien sûr la culture ne doit pas être ramenée uniquement à ses retombées économiques, de même qu’il faut admettre que tous les calculs sur les externalités positives sont très approximatifs. Mais si les gens de la culture eux-mêmes remettent en cause cet argument en oubliant que de nombreux musées, centres d’art ou festivals, n’auraient jamais été votés par une collectivité territoriale si les élus n’avaient pas mis en avant la création de richesse et d’emplois, alors c’est tendre des verges pour se faire battre. À l’approche des élections régionales, réjouissons-nous que l’opinion publique ait accepté cet argument économique et soutenons-le, même s’il n’est pas totalement fondé. En 1992, un conseiller de Bill Clinton, alors en campagne pour la présidence américaine, lui avait rappelé par une formule devenue légendaire, la préoccupation essentielle et fruste des électeurs pour l’économie. Pour ceux pour qui cela sonne comme un gros mot, suggérons-leur de parler de développement durable qui s’en rapproche. Plusieurs auteurs envisagent en effet la culture comme un des piliers de mode de développement, à travers le tourisme culturel, l’utilisation de matériaux de construction locaux ou des architectures protectrices de l’environnement.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°444 du 30 octobre 2015, avec le titre suivant : The economy, stupid

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