Sur le seuil

Par Itzhak Goldberg · Le Journal des Arts

Le 30 septembre 2015 - 203 mots

Une double-fenêtre qui s’ouvre sur un paysage splendide des montagnes jurassiennes, siège du Musée de l’Abbaye à Saint-Claude, mais aussi qui hante l’œuvre de Pierre Lesieur, accrochée avec une élégance extrême. Le thème n’est pas nouveau.

Depuis la Renaissance,  la fenêtre, poste d’observation privilégié de la réalité, est considérée comme la métaphore de la peinture. Puis, à partir de la fin du XIXe siècle, son rôle change. Elle n’est plus un cadre neutre, un instrument de vision, mais devient l’objet même de la perception. Bonnard ou Matisse ont été fascinés par cette frontière fluctuante entre le dedans et le dehors. Chez Lesieur, toutefois, la fenêtre se rapproche progressivement du sujet du tableau et finit par se confondre avec lui. La représentation coïncide avec le plan du tableau, la vue qu’« encadre » la fenêtre n’est plus perçue comme réalité, mais comme peinture. D’un espace sans profondeur émergent à peine des ombres japonaises. Les figures, le décor végétal évanescent et insaisissable semblent imprimés sur une vitre. Les toiles aux teintes lumineuses forment un univers où le spectateur est saisi d’un sentiment d’irréalité. Mais déjà Baudelaire a remarqué : « Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus éblouissant qu’une fenêtre ».

« Pierre Lesieur, Fenêtres et ouvertures »

Jusqu’au 18 octobre, Musée de l’Abbaye à Saint Claude, 3 place de l’Abbaye, 39200, Saint-Claude, tél. 03 84 38 12 00, www.museedelabbaye.fr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°442 du 2 octobre 2015, avec le titre suivant : Sur le seuil

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