Symbolisme

Les idéaux de Séon

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 1 septembre 2015 - 423 mots

Le Musée des beaux-arts de Quimper sort
le symboliste des limbes de la IIIe République.

QUIMPER - Aujourd’hui encore, les couples qui se présentent dans la salle des mariages de la mairie de Courbevoie pour célébrer leur union civile, peuvent admirer les riches décors égrenant les saisons et les vertus morales réalisés par Alexandre Séon entre 1885 et 1889. Comme tant d’artistes de la IIIe République qui peuplent les limbes de l’histoire de l’art, Séon attend depuis plus d’un siècle une reconsidération, voire une réhabilitation. C’est chose faite avec la rétrospective que lui consacre le Musée des beaux-arts de Quimper, où il se démarque de ses congénères décorateurs de mairies à plus d’un titre. Protégé de Pierre Puvis de Chavannes au long des années 1880 – qu’il a notamment assisté pour les grands décors du Panthéon –, Séon a pour fait d’armes l’organisation en 1892 du célèbre Salon de la Rose Croix placé sous l’égide du « Sâr » Joséphin Péladan, dont il partageait le mysticisme et les convictions antimatérialistes. En dépit de cet engagement en faveur du symbolisme et de sa lutte pour sa conception de l’Idéal et du Beau en peinture, Séon et son œuvre ne sont pas restés gravés dans les mémoires. Les travaux de recherches effectués par le commissaire scientifique Jean-David Jumeau-Lafond, spécialiste du symbolisme, ont donc été essentiels à cette exhumation.

Touche de pointilliste et ligne nette
Placés sous le signe de la rigueur, l’exposition et son catalogue soigné traitent avec clarté des méandres du parcours de Séon. Sa carrière de décorateur, avortée faute de commandes officielles hormis celle de Courbevoie, est ici documentée avec force dessins préparatoires, esquisses peintes et autre photographies. Ami de Georges Seurat et théoricien des couleurs, son style est reconnaissable par son alliance surprenante entre touche pointilliste, tons pâles du symbolisme traités en aplats et lignes idéales empruntées à Léonard de Vinci. Le troublant portrait de Joséphin Péladan (Musée des beaux-arts de Lyon) domine la sélection consacrée à l’Ordre de la Rose Croix, non sans souligner le caractère inégal de la production de Séon. Sa main assurée lorsqu’elle dessine, s’égare parfois en peinture… Le choix de Quimper pour cette rétrospective s’accorde avec par la passion de l’artiste pour l’île de Bréhat, décor de chefs-d’œuvre tels Muse (Bréhat) (v. 1904), Le Récit (v. 1912) ou Le Retour (1913). Loin de ces compositions très élaborées, les rochers en bord de mer qu’il semble peindre pour son seul plaisir offrent un condensé de son art : splendeur des couleurs, diversité étudiée de la touche et nature magnifiée.

Alexandre SÉon (1855-1917). La beauté idéale, jusqu’au 28 septembre, Musée des beaux-arts de Quimper, 40, place Saint-Corentin, 29000 Quimper, tél. 02 98 95 49 16, www.mbaq.fr, tlj sauf mardi, 9h30-12h et 14h- 18h, entrée : 5 €. Catalogue, Silvana Éditoriale (Milan), 288 p., 35 €

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°440 du 4 septembre 2015, avec le titre suivant : Les idéaux de Séon

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