Histoire

Bicentenaire

Napoléon, entre Paris et Waterloo

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 1 juillet 2015 - 646 mots

À Paris et en Belgique, deux expositions commémorent l’épopée napoléonienne, entre les ambitions pour Paris et la chute à Waterloo.

PARIS, CHARLEROI (BELGIQUE) - 18 juin 1815 : Wellington profite à Waterloo de sa victoire sur les armées de Napoléon, tandis que l’Empereur fuit la Belgique dans une berline en direction de Paris. La fin de l’Empire a bel est bien sonné. Pour commémorer le bicentenaire de cette bataille, le Musée Carnavalet à Paris a décidé de revenir sur les relations de Napoléon à la capitale, dont celui-ci est décidé à faire sa « nouvelle Rome », tandis que le Musée des beaux-arts de Charleroi s’intéresse aux journées qui ont précédé la bataille de Waterloo et à ses conséquences sur la société belge.

À Paris, pendant plus de quinze ans, le consul Bonaparte puis l’Empereur Napoléon construit, repense l’organisation institutionnelle, conçoit une propagande, flatte la population, réécrit son histoire. C’est le récit d’une capitale inachevée que retrace le Musée Carnavalet à travers un nombre considérable de tableaux, gravures, objets et mobilier, costumes et sculptures, des pièces puisées dans ses collections mais aussi à Versailles, à Fontainebleau et auprès de la Fondation Napoléon. Au total sont présentées 134 gravures, une centaine de médailles, 53 peintures : les quatre commissaires de l’exposition ont vu grand pour mettre en lumière les changements complexes qu’a opérés l’Empereur à Paris afin d’asseoir sa légende.

Entre le 18 Brumaire, le sacre, son mariage avec Marie-Louise, le faste incroyable de sa cour aux Tuileries et la débâcle de 1815, le parcours est intense, parfois trop pour les néophytes de l’histoire napoléonienne. L’attentat royaliste de la rue Saint-Nicaise en 1800 par le général chouan Cadoudal, attentat qui aboutit à l’exécution sommaire du duc d’Enghien, est ainsi noyé dans le déluge d’informations des premières salles. Le faste napoléonien du sacre (1804) puis du mariage (1810) est magistralement illustré par les gravures d’époque et les tableaux à la gloire de la nouvelle dynastie, mais aussi par des objets symboliques : une feuille de la couronne de laurier prêtée par Fontainebleau ravira ainsi les inconditionnels.

La fin du parcours concerne les projets inachevés et méconnus de Napoléon pour Paris, exposés au travers des plans d’architecture restés dans les tiroirs. Un éléphant monumental à ériger sur la place de la Bastille en lieu et place de l’actuelle colonne de Juillet, un obélisque sur le Pont-Neuf et une pyramide au Père-Lachaise, sans parler du grandiose « Palais du roi de Rome » imaginé par Percier et Fontaine sur la colline de Chaillot, témoignent des ambitions de l’Empereur.

Les coulisses de Warterloo
Mais c’est à Waterloo que les rêves de Napoléon sont stoppés net en 1815. Là où le musée parisien présente la grande Histoire, le musée belge de Charleroi s’attache à la petite, en se concentrant sur le parcours des armées adverses sur le territoire belge, grâce à des prêts de collectionneurs de la région. Armes, médailles, documents militaires : la réalité de la campagne militaire et le quotidien des conscrits belges forment le cœur de l’exposition, qui a trouvé un allié médiatique de poids en la personne de Pierre-Jean Chalençon, collectionneur et expert napoléonien. Ce dernier a prêté des objets majeurs, parmi lesquels un très beau portrait de Napoléon en costume de sacre signé du baron Gérard, et de la vaisselle impériale de la campagne issue de Waterloo.

Exposition de passionnés, « Napoléon à Charleroi » nous apprend ainsi que le prince Jérôme Napoléon, grand seigneur, payait rubis sur l’ongle les dépenses de ses régiments, tandis que les armées espagnoles étaient connues pour piller sans vergogne les réserves des habitants. Touchante et modeste, mais fruit d’un travail au long cours dans les archives et les collections des « Carolos » (ou habitants de Charleroi), l’exposition apporte un éclairage intime et ancré dans la mémoire des Belges, qui encore aujourd’hui, célèbrent à travers de grandes reconstitutions leur passé napoléonien.

Napoléon et Paris : Rêves d’une capitale
Jusqu’au 30 août, Musée Carnavalet, 16, rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris, tél. 01 44 59 58 58, www.carnavalet.paris.fr, tlj sauf lundi 10h-18h, entrée 9 €. Catalogue, éd. Paris Musées, 300 p., 44,90 €.

Napoléon à Charleroi, L’ultime campagne
Jusqu’au 13 septembre, Musée des beaux-arts, 1 place du Manège, 6000 Charleroi, Belgique, tél. 32 71 86 11 34, www.charleroi-museum.be, mardi-vendredi 9h-17h, samedi 10h-18h, dimanche 12h-18h, fermé le lundi, entrée 5 €. Catalogue, 10 €.

Légende Photo :
Nicolas Lefèvre, Portrait de Napoléon Ier en uniforme de colonel des chasseurs de la Garde, 1809, commandé par la Ville de Paris pour l’Hôtel de Ville, huile sur toile, 226 x 157 cm © Photo : Stéphane Piera / Musée Carnavalet / Roger-Viollet

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°439 du 3 juillet 2015, avec le titre suivant : Napoléon, entre Paris et Waterloo

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