Art Basel : entre global et local

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 2 juin 2015 - 785 mots

Si sa 46e édition montre peu d’évolutions par rapport à l’an passé, la Foire de Bâle impose sa force tranquille. Présente sur trois continents, Art Basel entend néanmoins garder son ancrage régional.

C’est bien connu, tout le monde de l’art, à entendre en tant que milieu autant que globalité géographique, se retrouve à Bâle au mois de juin. Comme chaque année, la tranquille cité rhénane se prépare au débarquement d’une gigantesque faune arty avide d’art contemporain et désireuse d’en voir le plus possible. Art Basel est là pour l’y aider, qui du 18 au 21 juin, à l’occasion de sa 46e édition, va tout faire pour tenter de combler les appétits, jusqu’aux plus voraces.

Au total, 284 galeries vont s’y employer, et surtout veiller à entretenir encore et toujours sa réputation de meilleure foire du monde. Avec une obligation qui s’impose et sans doute s’imposera de manière plus aiguë encore à l’avenir, une telle foire se devant de penser le concert d’un monde globalisé, dans ses dimensions à la fois « locales » et « globales ». Marc Spiegler, le directeur de la manifestation, insistait ainsi récemment sur la nécessité de « ne pas perdre l’histoire de l’art européen dans la globalisation du monde de l’art. Il est important que chaque foire ait sa saveur, et que d’un autre côté les ponts se soient ouverts ».

Question ouverture, le timide élargissement à l’est se poursuit, avec l’arrivée cette année des galeries Platform China (Pékin, Hongkong) et Tokyo Gallery BTAP (Tokyo, Pékin) – mais Hanart TZ (Hongkong), qui avait fait son entrée l’an dernier, n’a pas été reconduit. Tandis qu’en provenance du Moyen-Orient participent pour la première fois Grey Noise (Dubaï) et Braverman Gallery (Tel-Aviv). Quant à l’Amérique latine, elle voit se joindre au concert les paulistes Luciana Brito et Mendes Wood DM. Les équilibres géographiques de la manifestation bâloise demeurent donc globalement identiques à ceux des années précédentes, et force est de constater que le Vieux Continent s’y porte toujours très bien, puisque 197 enseignes y participant disposent d’espaces en Europe (un chiffre qui inclut quelques galeries américaines comme Barbara Gladstone ou Marian Goodman, également implantées à Bruxelles ou Paris).

Le taux de renouvellement du cru 2015 demeure très faible, avec l’arrivée de seulement quatorze nouvelles galeries, réparties entre les secteurs « Feature » et « Statements », parmi lesquelles figurent les new-yorkais James Fuentes, JTT et Wallspace ou les parisiens Marcelle Alix et Tornabuoni. Ces deux secteurs conservent des proportions similaires, avec trente enseignes pour le premier et seize pour le second.

Sturtevant, Vedova, Anger
L’installation de « Statements » au premier étage du hall principal de la foire depuis l’an dernier apparaît à double tranchant. Si elle confère aux jeunes enseignes une visibilité sans doute bien plus large, fruit d’un passage constant pendant toute la durée du salon, celles-ci se noient dans la masse et apparaissent moins singulières : la perfection n’existe pas !

Du côté d’« Unlimited », dont le Suisse Gianni Jetzer est pour la quatrième année commissaire, ce sont 74 projets à grande échelle qui sont présentés en son sein. Hommage sera rendu dans ce cadre à Sturtevant par Thaddaeus Ropac (Paris, Salzbourg) avec une œuvre reprenant une installation d’ampoules de Felix Gonzalez-Torres. A arte studio Invernizzi (Milan) proposera une installation spatiale datée de 1984 de Gianni Colombo, constituée de colonnes en PVC, tandis que que Galeria dello Scudo (Vérone) annonce une série de 109 toiles d’Emilio Vedova. Le film de Kenneth Anger, Inauguration of the Pleasure Dome (1954), sera projeté dans une réédition récente par Sprüth Magers (Berlin, Londres).

Pour la troisième année consécutive, Florence Derieux, la directrice du Frac [Fonds régional d’art contemporain] Champagne-Ardenne, est aux commandes de « Parcours ». Si les œuvres dispersées dans la ville de Bâle restent visibles tout au long de la foire, la « Parcours Night », qui déroule un programme de performances, se déplace du mercredi au samedi, ce qui satisfera les visiteurs du week-end mais pas les amateurs et professionnels, qui, présents au vernissage, ne restent pas toute la semaine. Une vingtaine de projets sont annoncés, selon manifestement une orientation plutôt jeune, avec notamment la participation de Tobias Kaspar, Ciprian Muresan, Francisco Tropa ou Adriano Costa.

La place de la foire sera cette année parée d’une installation pensée par Rirkrit Tiravanija, avec la collaboration des architectes allemands Nikolaus Hirsch et Michel Müller et du chef finnois Antto Melasniemi. Dotée d’une structure en acier et bambou, Do We Dream Under the Same Sky est conçue comme une plateforme de communication dans le prolongement de son projet au long cours « The Land » mené en Thaïlande, où la structure sera installée après la foire… Ou comment concilier global et local !

ART BASEL
Directeur : Marc Spiegler
Nombre d’exposants : 284
Tarif du stand (section générale) au mètre carré : 720 CHF (env. 693 €)
Nombre de visiteurs en 2014 : 92 000

ART BASEL en secteurs
Galleries : 223 galeries sont présentées au sein de la section générale.
Feature : 30 galeries proposent des expositions, monographiques ou non, bénéficiant d’un commissariat.
Statements : 16 participants, organisent des solo shows d’artistes émergents.
Edition : 15 galeries présentent leurs éditions de livres, d’objets ou de multiples menés en collaboration avec des artistes connus.
Unlimited : 74 œuvres de grandes dimensions y sont présentées.
Parcours : offre une vingtaine de projets d’artistes disséminés dans la ville.
Film : propose une programmation de films et vidéos d’artistes.
Magazines : réunit près d’une centaine de magazines de 20 pays différents.

Légende photo
Projet pour l'œuvre de Rirkrit Tiravanija, DO WE DREAM UNDER THE SAME SKY, 2015, pour le parvis de la foire Art Basel. Courtesy Rirkrit Tiravanija, Nikolaus Hirsch, Michel Müller et Antto Melasniemi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°437 du 5 juin 2015, avec le titre suivant : Art Basel : entre global et local

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