Bruxelles

Art Brussels se cherche encore

Le Journal des Arts

Le 5 mai 2015 - 793 mots

Si l’édition 2015 a bénéficié d’un certain dynamisme grâce à des collectionneurs pointus et des propositions de qualité, les galeries émergentes étaient de niveau inégal.

BRUXELLES - Le nombre d’entrées le premier jour de la foire de Bruxelles, qui s’est tenue du 25 au 27 avril, a été évaluée à 10 500, soit 20 % de visiteurs en plus que l’an dernier. Si le démarrage fut cependant lus mou que les années précédentes pour certaines galeries, d’autres ont fait un quasi sold out dès la preview. Bugada & Cargnel (Paris) ont vendu dès les premières heures les peintures de Claire Tabouret, affichées entre 7 500 et 25 000 euros, dans une frénésie qui rappelait celle des grandes foires. Geukens & De Vil (Anvers, Knokke) s’est également délestée de toutes les toiles du Tchèque Jaromír Novotný dans une fourchette de prix allant de 4 200 à 9 800 euros. Même succès pour le solo show de l’artiste grec Jannis Varelas dont les prix oscillaient entre 17 000 et 19 000 euros chez Krinzinger (Vienne). Très satisfaite de cette édition, la galerie Bernard Ceysson (Paris, Luxembourg…) relevait que « c’est une foire lente en général. Mais cette année, les ventes ont été plus rapides. Nous avons rencontré pour la première fois des collectionneurs américains ». C’est ainsi qu’un tableau de Claude Viallat est immédiatement parti à 50 000 euros. Chez Imane Farès (Paris), le solo show consacré à Sammy Baloji, dont le travail fait intelligemment écho à l’histoire coloniale belge, a également retenu l’attention. Dès le soir du vernissage, quatre photos dont les prix s’échelonnaient entre 9 000 et 16 500 euros ont été cédées à des collectionneurs belges.
L’ambiance fut comme à son habitude, décontractée et chaleureuse. « Ici les collectionneurs sont très ouverts, ils ne cherchent pas des noms. Les gens font confiance à leur goût », confirmait Silvia Steinek, de la galerie viennoise du même nom. « Ils collectionnent avec le ventre et le cœur », poursuivait Carol Tachdjian, de la même galerie. Les ventes se font sur la durée. « Je viens tout juste de vendre un très important [Andres] Serrano », confiait la directrice de la galerie Obadia à Bruxelles, Constance Dumas, alors que la foire touchait à sa fin.

Abstraction américaine
Reste que cette foire n’a pas encore trouvé sa formule. Cette année, les sections « Prime » et « Young » étaient plus mélangées. Certes le hall 1 est majoritairement resté celui des galeries plus établies, et le hall 3 celui de l’émergence. Cependant il régnait une certaine impression de désordre, surtout dans le hall 3. Alors même que cette foire mise de plus en plus sur l’émergence, la qualité des stands de jeunes galeries y était assez inégale, alternant des propositions audacieuses avec d’autres plus décevantes. Parmi les stands cohérents, citons celui d’Odile Ouizeman (Paris) qui a vendu dès le premier jour un miroir glacé de Laurent Pernot. Joseph Tang (Paris) n’a pas hésité à présenter une pièce monumentale de Sarah Fauguet et David Cousinard, tandis que Semiose (Paris) proposait un solo show de Présence Panchounette. Comme de coutume, Sorry We’re Closed (Bruxelles) s’est fait remarquer avec un stand particulièrement réjouissant consacré au surréalisme et à ses filiations avec des artistes contemporains comme Ron Nagle. Soulignons par ailleurs la présence importante d’une peinture abstraite américaine, pour le pire et le meilleur.

Dans le hall 3, des figures historiques dialoguaient avec des artistes plus jeunes et apportaient à l’ensemble une densité, ainsi de Markus Lüpertz chez Suzanne Tarasiève (Paris) ou de Carl Andre chez André Simoens (Knokke). La galerie Denise René (Paris), qui participait à la foire pour la première fois, confrontait des figures historiques de l’art cinétique à de jeunes artistes ayant repris à leur compte cette ligne artistique, à l’instar d’Elias Crespin. « Les premiers collectionneurs de Denise René étaient belges. J’espère pouvoir recréer ce lien », souligne Denis Kilian, le directeur de la galerie. Éric Dupont (Paris) proposait quant à lui un solo show de Pascal Convert, dont les prix vont de 20 000 à 50 000 euros. Michel Rein (Paris, Bruxelles) a rapidement trouvé acquéreur pour les œuvres de ses jeunes artistes, à l’exemple d’un tableau de Farah Atassi affiché à 20 000 euros. Paris-Beijing (Paris, Bruxelles), qui défend la jeune scène chinoise, proposait un stand très réussi sur le thème de l’homme et de l’animal, avec Ren Hang ou Myeongbeom Kim, très remarqué lors de Hong Kong Basel 2015.

Il s’agissait là de la dernière édition d’Art Brussels organisée à Heysel. L’année prochaine, la foire prendra ses quartiers dans le bâtiment de Tour et Taxis afin de s’inscrire plus directement dans la ville. Ce déménagement permettra peut-être à la foire de trouver un nouvel équilibre.

ART BRUSSELS

Nombre de visiteurs en 2015 : 30 836

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°435 du 8 mai 2015, avec le titre suivant : Art Brussels se cherche encore

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