Népal

Népal : un patrimoine détruit

KATMANDOU / NÉPAL

Alors que trois places royales sont endommagées, l’enjeu réside dans la coordination des aides à la reconstruction.

KATMANDOU - Une semaine après le séisme qui a frappé le Népal, les chances de retrouver des survivants sont nulles. En parallèle aux problèmes sanitaires, les autorités s’activent pour évaluer les pertes dans le patrimoine et organiser la protection des sites endommagés et des objets enfouis sous les décombres.

Parmi les nombreux sites classés au Patrimoine mondial par l’Unesco, trois places royales (Durbar) sont les emblèmes de la vallée de Katmandou : celles de la capitale, de Patan et de Bhaktapur. Il n’en reste quasiment plus rien. Bhesh Narayan Dahal, directeur général du département d’archéologie à Katmandou, estime les pertes à 90 %. Sa préoccupation est aujourd’hui « qu’aucune antiquité ou pièce de valeur ne soit enlevée du site ». Si la haute tour Bhimsen (XIXe siècle), un des monuments les plus visibles de Katmandou, est totalement effondrée, il est plus difficile d’évaluer les pertes pour les palais plus anciens, dont une partie reste sous les décombres : les boiseries médiévales, les ornements, les statues antiques, mettront du temps à être dégagées.

Entre Katmandou et Bhaktapur, le site de Changu Narayan, important complexe Hindou, est aussi en ruine. Dans la vallée de Katmandou, rien n’aurait résisté au séisme. Seules des régions enclavées, difficilement accessibles depuis qu’a eu lieu le séisme et situées loin de la capitale, auraient été partiellement épargnées : les sites classés autour de Lumbini, lieu présumé de la naissance de Bouddha, seraient intacts.

Crainte des pillages
À Katmandou, Patan et Bhaktapur, la priorité est à l’organisation des aides. Le Journal des Arts a pu joindre Rabindra Puri, qui dirige une fondation consacrée à la conservation du patrimoine à Bhaktapur. Selon lui, le problème ne viendra pas du manque de compétences mais de la difficulté de les coordonner : « Au Népal, nous avons le savoir-faire nécessaire en architecture et patrimoine. Il nous faut simplement des moyens plus importants. Comme le monde entier semble vouloir nous aider, la seule question réside dans la capacité du gouvernement à collecter, gérer et redistribuer cet argent. »
Côté Unesco, le délégué de l’organisation au Népal, Christian Manhart, indique : « Nous sommes en contact avec le gouvernement et le pressons pour qu’il protège ces sites et n’aggrave pas les dommages. » Il s’agit de renforcer les structures portantes des rares bâtiments encore debout, mais aussi d’empêcher les pillages qui pourraient intervenir à la faveur du chaos. Mandaté par l’Unesco pour évaluer l’ampleur des dégâts, le Français David Andolfatto craint que certaines pièces se retrouvent rapidement sur le marché de l’art : « Des milliers de petits stupas en terre séchée au soleil sont restés intacts dans les ruines, on peut très facilement les embarquer. »

Même si le gouvernement a menacé de graves sanctions les auteurs de pillages, et malgré le dévouement de certains moines bouddhistes qui dorment près des sites pour les protéger, des silhouettes armées d’intentions moins nobles rôdent près des ruines. Certains musées accessibles ont été ouverts pour entreposer et protéger les objets rapportés par les volontaires. Après la sauvegarde, il faudra reconstruire, comme cela avait été le cas après le tremblement de terre de 1934. Bhesh Narayan Dahal espère pouvoir utiliser les nombreux plans et dessins existants pour commencer prochainement. « Nous [y] consacrerons toutes nos ressources pendant cinq à sept ans », explique-t-il.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°435 du 8 mai 2015, avec le titre suivant : Népal : un patrimoine détruit

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