Paris Beaux-Arts

Un concept intéressant

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 7 avril 2015 - 695 mots

Sceptiques sur le bien-fondé du nouveau salon, les visiteurs ont été agréablement surpris.

PARIS - « Paris Beaux-Arts », installé au Carrousel du Louvre et dont les portes se sont fermées le 5 avril, ne partait pas qu’avec des avantages. Une date controversée – avant le week-end de Pâques et juste après la semaine marathon des foires parisiennes –, avait contribué à décourager les galeristes hésitants. D’autres s’étaient laissés convaincre : « Après cinq salons et une date gênante, ce n’était pas gagné et j’y allais à reculons. Mais au final, nous sommes contents et avons vendu plusieurs tableaux », a expliqué Charly Bailly (Genève), qui partageait un grand stand avec sa sœur, Hélène Bailly (Paris).

Un grand nombre de visiteurs (environ 3 000), essentiellement francophones plus quelques Anglais, se sont pressés le soir du vernissage, très curieux de découvrir ce nouveau salon. Les trois espaces mobilisés, spacieux et aérés, ont favorisé une circulation aisée, avec un sens de visite imposé. L’ouverture au public s’est par contre révélée plus calme. « Le salon s’est passé gentiment, sans excitation folle. Mais c’est une première édition, il faut lui laisser le temps. J’ai assisté aux débuts de la Brafa et du Salon du dessin et ce n’était pas plus facile », soulignait Anisabelle Berès (galerie Berès, Paris).

Dans l’expectative
La participation à hauteur de 80 marchands annoncée en décembre s’est finalement réduite à 55, les candidats n’étant pas prêts à prendre le risque, à une telle date, et attendant que le salon fasse ses preuves. C’est pourquoi de nombreux marchands sont venus prendre la température. « Certains ont été agréablement surpris et veulent un stand pour l’année prochaine ! », a rapporté Mathias Ary Jan, membre du comité d’organisation. Cependant, pour ces mêmes raisons, les organisateurs n’ont pas réussi à convaincre les marchands étrangers. Seules une galerie italienne (Robertaebasta, Milan), trois galeries belges et une suisse participaient. « À la Brafa, il n’y a pas tellement plus d’étrangers », rétorquait Mathias Ary Jan. Mais à Masterpiece (Londres) si !

Parmi les œuvres présentées, en dépit de stands très inégaux, certaines étaient de qualité et des exposants avaient fait un réel effort, comme la Galerie Steinitz (Paris), avec des œuvres d’Édouard Lièvre, dont une psyché pour Sarah Bernhardt (1,2 million d’euros), ou la galerie Michel Descours (Lyon), qui avait savamment mélangé art moderne, tableaux et dessins anciens et mobilier. Elle a d’ailleurs vendu un cabinet 4 portes de Thomas Hache à la Fondation Bemberg (Toulouse). Martin du Louvre montrait une belle étude de torse d’homme de Géricault (240 000 euros), et un plâtre de la Statue de la Liberté par Bartholdi (95 000 euros).

Un rythme de ventes hétérogène
Bernard de Leye (Bruxelles), réputé dans le domaine de l’argenterie et pour qui c’était « un beau salon », a vendu notamment une aiguière et son bassin par Jean Bellon, élève de François-Thomas Germain (autour de 200 000 euros). Michel Giraud (Paris), qui a rencontré une belle clientèle malgré une fréquentation calme, a cédé des sculptures, deux pièces de Linossier et un tableau de 1909 de Le Fauconnier. La Galerie de Bayser (Paris) s’est rapidement dessaisi d’une vue de Bretagne de Boudin, tout en présentant une Académie de femme de Prud’hon (150 000 euros). Alexandra Pascassio (galerie Pascassio Manfredi, Paris) a également vendu : « Dans notre spécialité, les prix sont limités (ici, 80 000 euros). Si on veut participer à un salon pluridisciplinaire à Paris, il n’y a que la Biennale où l’on ne peut pas correctement travailler car il faut vendre tout le stand seulement pour rentrer dans nos frais. Ce salon ouvre les portes à des galeries dont certaines spécialités ne permettent pas d’avoir des prix élevés. »

Pour que ce salon annuel et éclectique décolle, il faudra revoir la date, se faire plus rigoureux dans le choix des participants, convaincre les étrangers d’y participer et compléter par des spécialités faisant défaut : si la peinture moderne est bien représentée, il y manque l’archéologie, les arts premiers, la céramique ou la Haute Époque. Il faudra aussi affiner le comité d’experts, certains exposants s’étant plaints de s’être fait retirer, un peu de manière arbitraire, des objets de première qualité.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°433 du 10 avril 2015, avec le titre suivant : Un concept intéressant

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