La première édition de Paris Beaux-Arts

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 11 mars 2015 - 1051 mots

Le nouveau salon organisé par le Syndicat national des antiquaires « vient combler un manque ». C’est du moins ce que revendiquent ses organisateurs. Tour d’horizon.

PARIS - Parce que le SNA (Syndicat national des antiquaires) s’est donné pour mission de promouvoir et défendre la profession d’antiquaire, mais aussi parce que ses membres aimeraient bien que Paris retrouve la place qu’elle a perdue dans le monde de l’art, l’idée d’un nouveau salon était en germe. Le conseil d’administration précédent, sous la présidence de Christian Deydier, avait réfléchi à une nouvelle manifestation qui se déroulerait dans la capitale au printemps (à l’époque, celle-ci devait s’intituler « The Salon »). C’est ainsi que « Paris Beaux-Arts » voit le jour et ouvre ses portes du 1er au 5 avril au Carrousel du Louvre pour redynamiser la place parisienne sur le plan des antiquités et objets d’art. Car pour les exposants, cet événement a tout à fait sa place : « un salon pluridisciplinaire, annuel et de haut niveau à Paris ? Il n’y en a pas. Nous avons de bons salons spécialisés, comme le Salon du dessin ou Paris Tableau, mais il manque un salon convivial, de type Brafa (Bruxelles) ou Masterpiece (Londres) », explique Fabien Mathivet, membre du comité d’organisation.

Date et lieu
Comme lors de chaque création d’événement, date et lieu font débat. Concernant la date, les avis sont partagés entre septembre, en alternance avec la Biennale, ou début juin lorsque le calendrier international est plutôt creux. « C’est suivant l’appréciation de chacun. En juin, c’est trop tard, en septembre, c’est trop tôt ! Les gens ne sont jamais contents », lance Mathias Ary Jan, également membre du comité. Le week-end de Pâques n’aurait selon Fabien Mathivet « aucune incidence sur la clientèle. Seule la météo peut avoir un impact ». La première semaine d’avril a finalement été retenue. « Nous avons choisi une semaine qui permette aux visiteurs des salons qui ont lieu la semaine précédente [le PAD, Art Paris Art Fair, Drawing Now et le Salon du dessin] de rester à Paris et de pouvoir découvrir Paris Beaux-Arts », souligne Olivier Delvaille, président du comité d’organisation. Pour Guillaume Piens, commissaire général d’Art Paris Art Fair, « un salon de plus, ce n’est pas le problème ; ce qui est dommage, c’est qu’il n’ait pas lieu la même semaine et qu’il y ait une dissémination des événements. La clientèle étrangère ne se déplace pas trente-six fois et vient à Paris à des moments précis, quand se tiennent une multitude d’événements ».

Le choix du lieu a également fait couler beaucoup d’encre. Pourquoi le Grand Palais n’a-t-il pas été retenu, d’autant qu’il est disponible à ces dates ? « Nous voulions un salon, annuel, à une autre date que la Biennale [des antiquaires] et dans un autre lieu. Nous redoutions l’image d’une “sous-Biennale” et la possibilité d’une quelconque comparaison dans l’esprit des gens », explique Mathias Ary Jan.

Peu de galeries étrangères
La formule est claire : un salon annuel, généraliste, dont les participants, pour la plupart, sont membres du SNA et exposent déjà à la Biennale, à la Brafa ou même à Tefaf ; des comités d’experts (vetting) dont les présidents ne sont pas exposants ; des stands attribués par tirage au sort et non par copinage ; et des prix accessibles, le module de 20 mètres carrés s’élevant à 15 000 euros). Il semblerait que quelques enseignements aient été tirés de la Biennale !

Pluridisciplinaire, le salon englobe, comme ses sous-titres l’indiquent, les tableaux, sculptures et arts décoratifs de l’Antiquité au XXIe siècle ; de l’argenterie à l’art asiatique, du mobilier ancien aux objets de vitrine, en passant par les arts décoratifs du XXe siècle jusqu’à l’art contemporain, qui représente environ 15 % du salon. La majorité des spécialités sont représentées, avec une forte présence des marchands de tableaux et sculptures modernes, dont plusieurs ont déserté le PAD et que celui-ci a dû remplacer. C’est le cas de la galerie Hurtebize (Cannes) : « Nous avons l’impression que le tableau n’a plus sa place au PAD. Nos confrères parisiens, Jean-François Cazeau, Pascal Lansberg ou encore Franck Prazan n’y exposent plus. » Quelques spécialités sont pourtant sous-représentées voire absentes, comme l’art tribal et l’archéologie. Ainsi, pour des raisons de calendrier, les galeries Gilgamesh et Cybèle ont annulé leur réservation. Il est vrai que le champ des possibles n’est pas infini sur un salon qui n’accueille que 55 exposants environ.

Moins de 60 exposants ? Le chiffre paraît bas. Malgré quelques grands noms internationalement reconnus comme les galeries parisiennes Steinitz, de Bayser, De Jonckeere, Berès, Mermoz, on relève un manque de marchands étrangers. Pas un Anglais, ni un Allemand et encore moins un Américain. Seules font le voyage une galerie italienne (Robertaebasta, Milan), une galerie suisse (Bailly, Paris, Genève) et trois belges (dont Bernard de Leye, Bruxelles). « Lorsqu’on lance un salon, ce sont généralement les marchands nationaux qui y participent. Il suffit de reprendre l’historique de Maastricht : au début, il n’y avait que des Hollandais ! Les étrangers viennent une fois que le salon est établi », réplique Mathias Ary Jan. Paris ne s’est pas fait en un jour, certes.

Du bronze contemporain
Parmi les œuvres à chiner, la galerie Hurtebize montre un tableau de Hans Hartung, de 1983, provenant d’une collection privée de Cannes (l’artiste est mort à Antibes) ; Dario Ghio Antiquités (Monaco) expose une pendule en argent jamais vue sur le marché, représentant Atlas soutenant le globe céleste, par Alexis Falize, vers 1860. La galerie Delvaille (Paris) présente une commode d’époque Louis XV estampillée « Carel ». Univers du bronze (Paris) dévoile un porte-manteau de Diego Giacometti en bronze qui vient s’ajouter à ses fondamentaux Barye et Carpeaux, et annonce son déploiement vers le contemporain, avec la présence d’une édition originale en bronze d’Umberto, Spitfire (2014). La galerie Ary Jan (Paris) apporte, entre autres, Le Départ du Bucentaure, de Félix Ziem, artiste dont elle réalise le catalogue raisonné, tandis que Fabien Mathivet expose un lit de repos (vers 1920) d’Armand-Albert Rateau, provenant de la collection personnelle du créateur, et qu’Éric Pouillot (Paris) montre plusieurs terres cuites chinoises, dont une Dame de cour dite « Fat Lady », dynastie des Tang (618-907).

Paris Beaux-Arts

Direction : Olivier Devaille
Nombre d’exposants : autour de 55
Prix du mètre carré : 750 €

Paris Beaux-Arts, de l’antiquité au 21e siècle. tableaux, sculptures, arts décoratifs

Du 1er au 5 avril
Carrousel du Louvre, 99, rue de Rivoli, 75001 Paris
www.parisbeauxarts.com
de 11h à 20h, nocturne le 2 avril jusqu’à 22h, entrée 20 €. Catalogue, 20 €.

Légendes photos
Vue du salon Paris Beaux-Arts, le 31 mars 2015 © Photo Thibaut David

Raymond Subes et Jacques Emile Ruhlmann, Paire d’urnes lumineuses, vers 1931, métal patiné, socle en bois, réalisée pour l’agence parisienne de la National City Bank of New York. Courtesy galerie Makassar, Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°431 du 13 mars 2015, avec le titre suivant : La première édition de Paris Beaux-Arts

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