Drawing Now : sous le signe de l’engagement

Par Éléonore Thery · Le Journal des Arts

Le 10 mars 2015 - 793 mots

Le Salon du dessin contemporain continue de tracer sa route, promettant, pour sa 9e édition, un regard en prise avec le monde réel.

PARIS - De sa première édition dans les appartements d’un hôtel particulier de l’avenue d’Iéna à son retour au Carreau du Temple l’an dernier, Drawing Now a su tracer sa route. En neuf éditions, la foire est devenue l’un des événements artistiques phares du printemps, attirant l’an dernier quelque 21 000 visiteurs. Le Salon du dessin contemporain conserve les principes qui ont fait son succès (déclinés cet hiver avec « Soon », axé sur les multiples) : un événement convivial, propice à la découverte et mettant en avant des univers d’artistes grâce au système des focus qui oblige les exposants à réserver 30 % de leur stand au même artiste. C’est toute la diversité d’un médium qui est montrée dans les allées : des références de l’art brut tel Carlo Zinelli, exposé chez Christian Berst (Paris), au récit poétique de Scoli Acosta présenté par Laurent Godin (Paris), en passant par les univers minuscules de Marcel Miracle chez Magnin A (Paris) ou les grands papiers abstraits de Rebecca Horn à la Galerie Lelong (Paris). « Nous nous attachons à montrer un spectre très large », commente Carine Tissot, directrice de la manifestation. La concomitance de la foire avec Art Paris Art Fair depuis 2014 a poussé les exposants à faire un choix entre les deux événements et les allées et venues entre les deux foires vont bon train. Certains comme Huberty & Breyne (Paris, Bruxelles) choisissent le Grand Palais, ne souhaitant pas se dédoubler, d’autres, à l’instar des galeries Derouillon (Paris) ou Christian Berst, préfèrent le Carreau du Temple.

Cette année, la foire prend une résonance particulière à l’aune des attentats du mois de janvier. « Notre souhait, dans le cadre de cette édition, était de mettre en avant l’engagement : pas seulement dans la caricature qui est dans l’instantanéité, mais de façon générale, explique Carine Tissot. L’engagement des artistes peut être en lien avec le climat, le fait religieux, la société… Nous montrons cette différence de traitement, cette temporalité qui n’est pas la même. » Au-delà des espaces d’exposition, le sujet est abordé au travers des « Drawing Talks », tables rondes où sont conviés collectionneurs, galeristes et institutionnels, et des « Drawing Interviews », soit des dialogues entre des artistes et le critique d’art Philippe Piguet, [collaborateur de L’Œil, édité par Artclair], par ailleurs directeur artistique de l’événement. Enfin, une exposition réunissant des œuvres de Barthélémy Toguo, Ernest Pignon-Ernest ou Mouna Hatoum sera également placée sous le signe du dessin engagé.

Nouvelle scénographie
La configuration de la foire a été repensée : exit les espaces « Fresh » et « Initial » créés l’an dernier, fini l’Espace Commines qui dispersait les visiteurs. Drawing Now se concentre sur le Carreau du Temple, dans une scénographie revue, en conservant cependant la plateforme « Émergence » réservée aux plus jeunes galeries et répartie sur les deux niveaux. Corollaire à ce changement, le nombre d’exposant est réduit, et les effectifs (73 participants) se voient amputés d’une quinzaine de galeries par rapport à 2014. Parmi les quelques nouveaux, Backslash (Paris) montre les minutieux dessins à la limaille de fer de Charlotte Charbonnel, quand Georges-Philippe & Nathalie Vallois (Paris) dédient l’ensemble de leur stand aux œuvres exécutées à l’encre de Chine par le jeune Pierre Seinturier – un univers qui n’est pas sans rappeler celui des films noirs. Participant également pour la première fois, la moscovite (et ex-parisienne) Iragui présente les dessins de Valeria Nibiru, tel celui d’une petite fille perdue dans une forêt de gants.

La percée internationale, déjà tangible ces dernières années, se poursuit : cette année, près de 50 % des participants viennent de l’étranger, notamment des pays frontaliers que sont la Suisse, la Belgique, le Luxembourg ou l’Allemagne. Parmi ces galeries, la luxembourgeoise Nosbaum Reding propose une variation sur la figure humaine du sculpteur Stephan Balkenhol (aux côtés de Damien Deroubaix) quand la berlinoise Martin Mertens Gallery consacre ses espaces aux grands formats photoréalistes au fusain de Stefanie Holler.

Autre signe de son assise grandissante, Drawing Now tisse sa toile à Paris et en régions avec un parcours labellisé comprenant une quinzaine d’expositions de dessin moderne et contemporain : hommage aux dessinateurs disparus de Charlie Hebdo à la BNF, « Fil rouge » proposé par l’Espace culturel Louis Vuitton (Paris) ou encore monographie « Jérôme Zonder » à la Maison rouge (Paris). Carine Tissot conclut : « Les institutions nous écoutent et ont envie de nous suivre. C’est très important pour nous de nous inscrire dans un paysage culturel. »

DRAWING NOW

Direction : Carine Tissot
Direction artistique : Philippe Piguet
Nombre d’exposants : 73
Nombre de visiteurs en 2014 : 21 000

Drawing Now

Du mercredi 25 mars au dimanche 31 mars, Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller, 75003 Paris
11h-20h, dimanche jusqu’à 19h
www.drawingnowparis.com
entrée 16 €.

Légende photo
Valeria Nibiru, La forêt de gants, 2010, encre de Chine et aquarelle sur papier, 13 x 16,5 cm. Courtesy de l'artiste et Galerie Iragui.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°431 du 13 mars 2015, avec le titre suivant : Drawing Now : sous le signe de l’engagement

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