Art contemporain

Arco, une autre foire

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 10 mars 2015 - 496 mots

Arco Madrid , qui du 25 février au 1er mars a réuni 218 galeries, confirme sa bonne forme et s’impose comme un rendez-vous à part.

MADRIR - « Arco Madrid », qui du 25 février au 1er mars a réuni 218 galeries, est bel et bien une autre foire : pas seulement une de plus dans le calendrier, mais un événement différent, et c’est bien ce qui le rend séduisant.

Si, malgré le dépoussiérage dont il a été l’objet depuis que Carlos Urroz en a pris la direction, le salon reste relativement imposant et mériterait peut-être de maigrir encore un peu, force est de constater qu’il se positionne sur un terrain à la fois original et attractif. Original car si des enseignes de très bonne qualité et fort visibles à l’international y participent, à l’instar de Peter Kilchmann (Zurich), Air de Paris (Paris), Mehdi Chouakri (Berlin) ou Krinzinger (Vienne) par exemple, il n’est pas colonisé par toutes les grosses enseignes de la planète. Attractif car, à l’inverse, nombre d’enseignes plus jeunes, lointaines ou confidentielles mais aux propositions alléchantes y exposent, alors que Zona Mexico par exemple ne parvient pas à les faire venir au Mexique.

Une scène structurée
La ficelle latino-américaine, désormais devenue une marque de fabrique de la manifestation, n’y est pas étrangère, qui lui confère une identité singulière. Avec, pour sa 34e édition, la Colombie à l’honneur, ce sont dix galeries de ce pays qui ont fait le déplacement, drainant une belle énergie au travers des artistes et des collectionneurs de la région. Ceci même si l’on attendait des propositions un peu plus audacieuses en provenance de cette scène encore méconnue, pourtant très riche et déjà bien structurée. Le visiteur pouvait néanmoins s’arrêter sur les développements poétiques de Mateo López chez Casas Riegner (Bogotá), artiste qui était visible également sur le stand de Travesía Cuatro (Madrid), ou sur le travail, présenté par Instituto de Visión (Bogotá), de Carolina Caycedo autour de la question de l’eau en Colombie, des tensions et pressions relatives à sa gestion.

Déambuler dans Arco est ainsi source de découvertes, dans les secteurs répondant là aux appellations de « Solo Projects » et « Opening », mais pas seulement. Le regard pouvait ainsi être happé par les dessins paraissant être des photographies de Natalia Stachon exposés par Zak Branicka (Berlin) ou par la constellation sur papier de Nicolás Bacal évoquant des états émotifs chez Ignacio Liprandi (Buenos Aires). Le visiteur pouvait aussi être interpellé par la littérature devenue forme dans le travail du Catalan Adrià Julià chez Dan Gunn (Berlin) et de José Vera Matos chez Document Art (Buenos Aires).

Arco, c’est enfin une autre temporalité. Le rythme y est plus lent, les visiteurs prennent leur temps, et si des affaires se font, le salon, d’après des exposants, n’est pas uniquement connecté au marché, ce qui faisait dire à un participant que « la foire n’est pas orientée sur le seul investissement comme le sont beaucoup d’autres ». Encore une singularité madrilène.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°431 du 13 mars 2015, avec le titre suivant : Arco, une autre foire

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